Remplir Votre Arbre Généalogique: Les Documents Clés

L’arbre généalogique est un outil incontournable pour tout passionné de généalogie, car il permet de retracer et de visualiser l’histoire de sa famille sur plusieurs générations. Si vous souhaitez remplir votre arbre généalogique avec des informations précises et complètes, vous devrez inévitablement vous référer à divers types de documents historiques.

la structure de base d'un arbre généalogique
La structure de base d’un arbre généalogique

Dans cet article, nous allons explorer les types de documents historiques les plus utilisés en généalogie, en expliquant comment ceux-ci peuvent vous aider à dresser un arbre généalogique complet et détaillé.

Les registres paroissiaux et civils

Si vous deviez vous limiter à un seul type de document pour vos recherches généalogiques, ce serait sans aucun doute les registres paroissiaux (enregistrés par l’église) et civils (enregistrés par le gouvernement). Ces registres contiennent les événements vitaux d’une population, soit les naissances (ou baptêmes), les mariages, et les décès (ou sépultures).

Exemple d'un acte paroissial utilisé pour remplir son arbre généalogique
Exemple d’un acte provenant d’un registre. Source: Acte 7992792, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Comment les registres vous aident à remplir votre arbre généalogique

Tout acte provenant des registres contient des informations pertinentes sur l’ancêtre concerné; son nom, sa date de naissance, mariage ou décès, son lieu de naissance, de résidence ou de décès, et souvent le nom des parents et/ou du conjoint.

Non seulement ces informations vous permettent-elles de remplir une partie de votre arbre généalogique, elles vous permettent surtout de remonter d’une génération dans la lignée recherchée.

Plus spécifiquement, c’est l’acte de mariage qui est la clé de vos recherches généalogiques, puisque dans la majorité des cas, celui-ci contient le nom des parents des époux.

Mariages provenant du LAFRANCE sur Généalogie Québec permettant de remplir un arbre généalogique
Mariages provenant de l’outil LAFRANCE disponible sur Généalogie Québec

Les noms des parents des époux sont indiqués dans le mariage de gauche. Effectuer une recherche pour ceux-ci vous permet de retrouver leurs mariages, dans lesquels vous trouverez les noms de leurs parents respectifs. En répétant ce processus, vous pouvez remonter de génération en génération et aisément remplir votre arbre généalogique.

Les meilleures sources de registres paroissiaux et civils du Québec

Registres de naissances et baptêmes du Québec – Les meilleures sources

Registres de mariages du Québec – Les meilleures sources

Registres de décès et sépultures du Québec – Les meilleures sources

Les avis de décès et les pierres tombales

Les avis de décès et les pierres tombales sont parmi les documents les plus utilisés en généalogie, puisqu’ils contiennent beaucoup d’information à propos de l’individu concerné, et couvrent des périodes qui ne sont pas disponibles via d’autres types de documents.

Comment les avis de décès et pierres tombales vous aident à remplir votre arbre généalogique

Bien que les registres civils et religieux soient indispensables à vos recherches, ceux-ci ne sont que très rarement disponibles pour la période moderne. En effet, pour des raisons de protection de la vie privée, il peut être très difficile voir impossible de trouver des registres récents, ce qui complique la tâche de remplir la partie contemporaine de son arbre généalogique.

Or, ce problème n’existe pas pour les pierres tombales et les avis de décès. Dans le cas des pierres tombales, elles sont accessibles en tout temps dans les cimetières de la province. Pour les avis de décès, ceux-ci sont publiés quotidiennement dans les journaux et sur internet. De ce fait, de nombreuses collections couvrant la période contemporaine sont disponibles aux généalogistes.

Il faut aussi noter que les avis de décès et les pierres tombales font souvent mention de la parenté de l’individu décédé, ce qui est crucial pour vous permettre de faire le pont entre les générations dans votre arbre généalogique.

Les meilleures sources d’avis de décès et de pierres tombales du Québec

La section Nécrologe sur Généalogie Québec contient près de 5 millions d’avis de décès, de cartes mortuaires et de pierres tombales du Québec et de l’Ontario.

Il existe aussi de nombreux sites dédiés à la publication des avis de décès. Ces sites sont indexés par des moteurs de recherche tels que Google et Bing, ce qui rend la recherche d’un avis de décès sur Internet très simple.

En règle générale, il suffit d’entrer le nom de la personne décédée dans votre moteur de recherche préféré et de consulter les premiers résultats. Toutefois, si le nom est très courant, il peut être nécessaire d’ajouter des termes tels que « avis de décès » ou « nécrologie » à votre recherche. Si un avis de décès est présent sur l’un de ces sites, vous le trouverez parmi les premiers résultats de votre recherche.

Les recensements

Les recensements sont des sources importantes pour la généalogie, car ils fournissent des informations sur les membres d’une famille et leur lieu de résidence à un moment précis.

Comment les recensements peuvent vous aider à remplir votre arbre généalogique

Les recensements peuvent vous aider à identifier les membres de la famille d’une personne, y compris les enfants, les conjoints et les parents. En comparant les recensements de différentes années, vous pouvez également suivre les changements dans la composition de la famille.

De plus, ils vous permettent de confirmer les informations trouvées dans d’autres sources, telles que les registres religieux ou civils. Par exemple, vous pouvez confirmer les dates de naissance, les lieux de résidence, les professions et les noms des membres de la famille.

Finalement, les recensements peuvent vous fournir des détails sur la vie quotidienne des membres de la famille recherchée, tels que leur profession ou leur niveau d’éducation. Ces informations peuvent aider à reconstituer la vie de vos ancêtres au delà des noms et des dates et d’étoffer votre arbre généalogique.

Les meilleures sources de recensements du Québec

Sur Généalogie Québec, vous trouverez les recensements du Québec des années 1881 et 1901, et le recensement de l’Ontario de l’année 1881. Ceux-ci contiennent plus de 5 millions d’individus.

Le site de Bibliothèques et Archives Canada vous permet de parcourir de nombreux recensements du Québec et du Canada.

Les Cercles de Fermières du Québec : des associations féminines, mais pas féministes ?

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Il y a quelques semaines, alors que je fouillais dans la banque de données de Généalogie Québec, je suis tombée sur un dossier, dans le fonds Raymond-Gingras, qui s’intitulait « Cercle de Fermières ».

La petite histoire de Saint-Antoine-de-Tilly, rédigée par le Cercle des Fermières de la municipalité. Source : Généalogie Québec, Fonds Raymond-Gingras.

À l’intérieur, j’ai trouvé une série de photographies d’un court texte produit par un Cercle de Fermières, qui relate l’histoire de Saint-Antoine-de-Tilly, une petite municipalité située dans Chaudière-Appalaches. Ma curiosité était piquée. Les Cercles de Fermières… Je me rappelais avoir déjà vu ce nom quelque part. Je savais que c’était une association de femmes, et qu’elles faisaient de l’artisanat. Pas grand chose de plus. Intriguée, je me suis lancée dans plus de recherches.

Qu’est-ce que sont les Cercles de Fermières du Québec ?

En fait, les Cercles de Fermières ne sont pas qu’un regroupement de femmes, mais la première association de femmes du Québec ! Ils ont été fondés en 1915 (un peu ironiquement) par un homme, Alphonse Désilets, un agronome qui défendait « le principe des associations rurales pour résoudre la crise du monde moderne » (Cohen, 1990 : 28). Les membres de l’association étaient, comme son nom l’indique, des fermières, et elles se regroupaient au sein des Cercles principalement pour s’entraider dans leurs diverses tâches et arriver à mieux subvenir aux besoins de leurs familles. Elles tenaient des jardins coopératifs ou s’aidaient à confectionner des vêtements pour la famille par exemple, contribuant à l’amélioration de leur qualité de vie. Les groupes sont alors sous la direction du Ministère de l’agriculture, de concert avec l’Église.

À partir de 1940, les Cercles gagnent progressivement en autonomie, jusqu’à ne plus dépendre ni de l’Église, ni de l’État. Au fur et à mesure que le Québec s’urbanise, on compte de moins en moins de fermières parmi les membres, mais le regroupement choisit de conserver son nom. Malgré l’évolution de la société, on observe une certaine continuité dans les activités des Cercles : les membres font toujours de l’artisanat, du tricot, du tissage et de la cuisine. Elles se considèrent comme les gardiennes du patrimoine artisanal et culinaire (Beaudoin et Joncas, 2021 : 46) et transmettent leurs savoirs à des membres plus jeunes, ou à la communauté plus large. Les Cercles sont aussi des lieux importants de sociabilité pour les femmes qui y participent, et ils permettent de briser l’isolement, chez les femmes retraitées par exemple. Les Cercles de Fermières occupent finalement une fonction politique, aidant leurs membres à s’informer en tant que citoyennes, tentant d’influencer les politiques gouvernementales, mais aussi en entretenant des liens avec diverses organisations (comme l’Union mondiale des femmes paysannes, la Coalition pour le contrôle des armes, le Réseau canadien du cancer du sein, etc) (Lagarde, 2015 : 5).

Les Cercles de Fermières participent grandement à la transmission des savoirs artisanaux au sein de la société québécoise. Ici, une enfant apprend à utiliser un métier à tisser lors d’un atelier donné par le Cercle de Fermières d’Alma. Source : Wikimedia Commons.

Cercles de Fermières et féminisme

Bien qu’ils soient une association de femmes, gérée par et pour les femmes, les Cercles de Fermières du Québec ne s’imposent pas au premier abord comme des groupes féministes. En effet, les Cercles se sont notamment prononcés contre le droit de vote des femmes et contre le droit à l’avortement. Bien que leurs positions aient évolué avec le temps, les Cercles s’inscrivent toujours dans la promotion des rôles traditionnellement attribués aux femmes, comme le soin de la famille et les tâches domestiques. Cette posture les écarte encore des revendications féministes, qui lient souvent l’émancipation et la possibilité pour les femmes de sortir des stéréotypes et des rôles genrés si elles le désirent.

Néanmoins, il serait à mon sens démesuré de les écarter complètement de l’histoire du féminisme au Québec. En effet, les Cercles ont fortement travaillé à l’amélioration des conditions de vie des femmes et ont été un moteur de valorisation des activités typiquement féminines, notamment en faisant la promotion des réalisations culinaires et artisanales de leurs membres. Ils sont aussi un lieu où l’éthique du care1 peut se vivre et se mettre en pratique. En effet, les Cercles de Fermières ont été créés d’abord pour favoriser l’entraide entre les femmes membres, mais au-delà de cette mission, les Cercles prennent aussi soin de leurs communautés plus larges, à travers par exemple l’organisation de repas communautaires, du bénévolat et des partenariats avec des associations caritatives ou l’influence qu’ils exercent sur les politiques publiques2. Surtout, bien que les Cercles fassent la promotion des rôles traditionnels que les femmes occupent dans la sphère privée, ils ont été à l’époque et sont peut-être à certains égards encore aujourd’hui, un espace public que les femmes peuvent habiter entièrement, où elles peuvent prendre la parole, s’exprimer, effectuer du travail organisationnel, et même faire de la politique3, bref, où elles peuvent, apprendre le travail typiquement masculin mais l’effectuer à leur manière.

Les Cercles de Fermières occupent donc une position très particulière dans notre histoire et sont victimes d’un double effacement : on en parle peu lorsqu’on fait l’histoire du Québec, parce qu’on y parle peu des femmes en général ; mais on en parle aussi peu lorsque nous construisons une histoire des femmes dans une perspective féministe, puisque leurs prises de positions déviaient (et dévient toujours, à certains égards) de celles prises par le mouvement féministe. Il est pourtant impossible de nier le rôle que les Cercles ont joué autant globalement dans l’histoire de la société québécoise que plus spécifiquement dans l’histoire des femmes au Québec. Ils ont été un des premiers moteurs d’autonomisation et d’affirmation des femmes, favorisant leur sortie de la sphère privée et familiale (Cohen, 1990 : 263). Les Cercles ont aussi participé pleinement à l’élaboration du projet national. En effet, à travers leurs demandes formulées à l’État et leur rejet de l’influence du clergé sur leur organisation, elles ont participé à l’établissement de deux piliers centraux au développement du Québec : le développement d’un État moderne et protecteur et la déconfessionnalisation de la société (Cohen, 1990 : 263). Comme toute organisation, il convient bien sûr de ne pas idéaliser les Cercles de Fermières et de souligner leurs limites, notamment en termes de positionnement féministe. Toutefois, il me semble aussi essentiel de visibiliser leur contribution à l’histoire des femmes et de la société québécoise.

Pour en apprendre plus sur les Cercles de Fermières du Québec, je vous invite vivement à lire le livre Femmes de Parole : l’histoire des Cercles de Fermières du Québec, de Yolande Cohen (1990) ou à visionner le documentaire Fermières réalisé par Annie Saint-Pierre (2013).

Audrey Pepin


1 L’éthique du care est ancrée dans le maintien des relations humaines et dans l’interdépendance des individus. Le care vise à « maintenir, perpétuer et réparer notre monde, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie » (Tronto, 2009 [1993] : 143).  Pour plus de détails, vous pouvez consulter mon article sur la généalogie et le care ici. Il est également important de noter que cette éthique peut par ailleurs clairement être liée aux valeurs chrétiennes de l’organisation.

2 Elles sont notamment à l’origine des programmes de distribution de berlingots de lait dans les écoles (Radio-Canada, 2015).

3 Je pense notamment aux femmes qui s’impliquent dans l’organisation des Cercles et qui sont démocratiquement élues comme présidentes, que ce soit au niveau régional ou national.

Bibliographie :

Beaudoin, Christiane et Joncas, Gisèle. « Le Cercle de Fermières de Gaspé : 50 ans par et pour les femmes ». Magazine Gaspésie, vol.57, no.3 (199), p.46-48.

Cohen, Yolande (1990). Femmes de parole : l’histoire des Cercles de Fermières du Québec 1915-1990. Montréal : Le Jour Éditeur, 315 pages.

Lagarde, Louise (2015). « Les Cercles de Fermières du Québec : 100 ans de savoir à partager ». Histoire Québec, vol.20, no.3, p.5-9.

Radio-Canada (2015). « Les Cercles de Fermières », segment de l’émission L’épicerie, 13:37 – 18:10. Consulté le 13 février 2023 : https://curio.ca/fr/catalog/533431a2-2c93-4945-b476-f87009fc0158

Saint-Pierre, Annie (2013). Fermières, documentaire.

Tronto, Joan C. (2009 [1993]). Un monde vulnérable, pour une politique du care. Paris : La Découverte, 240 pages.

Démystifier l’histoire des femmes au Québec

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Dans mon dernier article, la généalogie et l’histoire des femmes, je discutais des façons dont la généalogie peut éclairer l’histoire des femmes, que ce soit en mettant en lumière certaines oppressions (les injonctions au mariage et à la maternité, voire l’esclavage par exemple), ou encore leurs nombreuses contributions à la société, que ce soit au sein de la famille ou encore comme religieuses, sage-femmes ou couturières. Pour pouvoir faire ce travail de mise en lumière, il faut tout de même connaître un peu le contexte dans lequel les femmes évoluaient. Un bon point de départ pour ce faire est l’ouvrage L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles du Collectif Clio (1982). 

Le Collectif Clio était composé de quatre historiennes : Marie Lavigne, Jennifer Stoddart, Micheline Dumont et Michèle Jean. Le nom est inspiré de la mythologie grecque : Clio, fille de Mnémosyne, la déesse de la mémoire, est en effet la Muse de l’Histoire. Les quatre autrices semblent avoir été inspirées par des questionnements généalogiques. Elles ouvrent en effet leur livre avec cette courte anecdote :

À gauche, portrait de Clio, Muse de l’Histoire, réalisé par Johannes Moreelse ; à droite, portrait de Mnemosyne, déesse de la mémoire, réalisé par Dante Gabriel Rossetti. Source : Wikimedia Commons.

« Anne, sept ans, était assise dans le coin de la cuisine et cherchait ses aïeules. Comme si elle récitait une comptine, elle énumérait :  »Ma mère s’appelle Juliette, la mère de Juliette est Rebecca, la mère de Rebecca est Maria, la mère de Maria est Émilie… » […] Quand à l’école, on lui apprendrait l’histoire, personne ne pourrait lui dire ce qu’Émilie, son arrière-arrière-grand-mère avait fait » (Collectif Clio, 1982 : 9).

En effet, au moment où les quatre historiennes se réunissent, dans les années 70, il n’existait aucun ouvrage qui fasse une synthèse de l’histoire des femmes au Québec : c’est dans l’objectif d’en créer un qu’elles ont donc décidé de travailler ensemble. Elles voulaient notamment montrer que « Les femmes n’étaient pas que spectatrices, elles étaient également actrices de l’histoire » (Collard, 2012). Par là, elles n’entendaient pas seulement les « grandes femmes » comme Thérèse Casgrain ou Marguerite Bourgeoys, mais aussi les centaines de milliers d’Émilie, des femmes qu’on considérait comme « insignifiantes » (Collectif, Clio, 1982 : 9).

L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles peut donc nous en apprendre beaucoup sur ces femmes « ordinaires » qui se retrouvent souvent dans nos arbres généalogiques. Comme son nom l’indique, le livre couvre quatre siècles d’histoire, de 1617 à 1979. Il pourra donc nous être utile dans nombre de recherches généalogiques ! Divisé en six périodes (les commencements 1671-1701 ; la stabilité 1701-1832 ; les bouleversements 1832-1900 ; les contradictions 1900-1940 ; l’impasse 1940-1969 ; et l’éclatement 1969-1979), l’ouvrage traite d’une grande diversité de sujets. On y retrouve des détails sur les aspects souvent considérés comme « banals » de la vie (les modalités qui entouraient la vie familiale ou le travail par exemple), mais aussi des éclaircissements sur la manière dont des événements politiques importants, comme les grandes guerres ou les changements de régime, ont bouleversé la vie des femmes.

Couverture du livre L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles du Collectif Clio (1982)

En quatrième de couverture de ce livre du Collectif Clio, on peut lire « Certains diront peut-être : ‘’Encore un livre sur les femmes!’’ Ils se trompent. C’est un autre livre d’histoire. C’est l’histoire dite autrement » (Collectif Clio, 1982). Cette courte citation annonce déjà qu’il ne s’agit pas que de féminisme, mais bien d’avoir une vision plus complète de l’histoire. Elle résume bien l’intérêt que nous devrions porter, à mon avis, en tant que généalogistes, aux enjeux soulevés par le Collectif. Le livre a par ailleurs connu un vif succès (après tout, nous sommes encore en train d’en parler alors qu’il fête cette année son quarantième anniversaire) et a grandement contribué à faire avancer les choses, mais on ne peut pas dire qu’il n’y a aujourd’hui plus de travail à faire pour la reconnaissance de l’histoire des femmes. Une réforme du programme scolaire aiderait certainement, et comme généalogistes, nous pouvons aussi certainement y contribuer.

Malgré cette volonté d’universalisation, le Collectif Clio n’a pas pu tout couvrir : c’est bien normal, des angles morts, il y en a dans tous les livres d’histoire. Mais il faut tout de même éviter d’universaliser les expériences qui sont décrites dans L’histoire des femmes au Québec. Les femmes racisées (en particulier les femmes noires), les femmes autochtones, les femmes immigrantes, de même que les femmes lesbiennes, entre autres, sont parfois mentionnées, mais auraient certainement gagné à occuper une place plus importante dans l’ouvrage : après tout, elles ont, elles aussi, été partie prenante de l’histoire du Québec et il ne faudrait surtout pas l’oublier. On gagnera ainsi à lire le livre avec un oeil critique, en gardant en tête dans une perspective intersectionnelle que d’autres axes d’oppression, comme la race, conditionnent le vécu des femmes. L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles reste d’une grande utilité, en particulier pour analyser le vécu des femmes québécoises blanches et hétérosexuelles à travers les siècles.

Vous trouverez une foule de références pour creuser des sujets plus spécifiques dans la bibliographie de L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. Je vous laisse aussi quelques suggestions d’ouvrages parus après la publication du livre du Collectif Clio et qui, par conséquent, ne peuvent pas s’y retrouver. Encore une fois, les vécus des femmes blanches et hétérosexuelles sont souvent au centre de ces ouvrages. Si vous avez d’autres références qui traitent de l’histoire des femmes au Québec en tête, n’hésitez pas à m’écrire, en particulier si celles-ci se concentrent sur la réalité des femmes marginalisées (immigrantes, non-blanches, non-hétérosexuelles, etc). Je pourrai les ajouter ici et nous pourrons ainsi constituer une banque de références sur l’histoire des femmes qui pourra sans aucun doute enrichir nos recherches généalogiques.

Audrey Pepin


Banque de références sur l’histoire des femmes :

Général :

Collectif Clio (1982). L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles. Montréal : Les Quinze, 521 p.

Bouchard, Serge, Lévesque, Marie-Christine et Back, Francis (2011). Elles ont fait l’Amérique. Montréal : LUX, 452 p.

Travail des femmes :

Bazinet, Sylvain (2020). Dictionnaire des artistes québécoises avant le droit de vote. Montréal : Sylvain Bazinet, 306 p.

Gousse, Suzanne (2013). Couturières en Nouvelle-France. Québec : Septentrion, 280 p.

Robert, Camille. (2017). Toutes les femmes sont d’abord ménagères. Montréal : Éditions Somme Toute. 180 p.

Autres références dans cet article :

Bernard, Jean-Paul (1983). « Le collectif Clio, L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles ». Recherches sociographiques, vol. 24, no. 3, p. 423–428. 

Collard, Nathalie (2012, 8 mars). « Il y a 30 ans, le Collectif Clio ». La Presse. Récupéré de : https://www.lapresse.ca/arts/livres/201203/08/01-4503559-il-y-a-30-ans-le-collectif-clio.php 

Lequin, Lucie (1992). « L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles ». Canadian Woman Studies, vol. 13, no. 1, p.107-108.

Picard, Ghislain (2018, 26 septembre). « Non, les Autochtones ne sont pas des Amérindiens ». HuffPost Québec. Récupéré de https://quebec.huffingtonpost.ca/ghislain-picard/autochtones-pas-amerindiens-terminologie-colonialisme_a_23541813/

La migration allemande en Nouvelle-France

(Le premier article de cette série se trouve ici.)

Mon nom est Claude Crégheur, et dans ce second article de ma série sur la présence allemande au Québec, je me pencherai sur la migration germanique à l’époque de la Nouvelle-France.

Le premier mariage d’un Allemand relevé dans les registres de Notre-Dame de Québec est celui de Hans Bernhardt avec Marie de Bure, veuve de Gilles Enart, le 27 décembre 1666.

Mariage de Hans Bernhardt et Marie de Bure provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Mariage de Hans Bernhardt et Marie de Bure provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Source: Acte 66714, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Le mariage est sous le nom de Jean Bernard, patronyme qui va lui survivre. On y lit qu’il est originaire de « la paroisse de Ste-Croix de Thionville, diocèse de Trèves en Allemagne »; Thionville est en Lorraine, aujourd’hui territoire français.

En 1666, le duché de Lorraine était également français. En effet, la France l’avait annexé à son territoire dès 1648, à la fin de la Guerre de Trente Ans. Elle avait fait de même avec l’Alsace. En 1860, Berlin exigeait le retour des deux provinces selon les principes de nationalités définies par la langue. Ce sera chose faite suite au Traité de Frankfurt le 10 mai 1871, après la défaite française de la guerre franco-prussienne. Cette entité politique prit alors le nom de Reichsland Elsaß-Lothringen.

Parmi les contemporains de Hans Bernhardt, on rencontre Georg Stems marié à Marie Perodeau le 16 septembre 1669 à Notre-Dame de Québec. Il était originaire de la ville de Luzern en Suisse et était tailleur de pierres.

Mariage de Georg Stems et Marie Perodeau provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Mariage de Georg Stems et Marie Perodeau provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Source: Acte 66846, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Nous avons ensuite Peter Mahler marié à Jeanne Gueneville le 3 novembre 1671 à Notre-Dame de Québec.  On le dit originaire d’Escalis en Allemagne. Cette ville n’existe pas, il s’agit donc sûrement d’une mauvaise lecture ou transcription de ce que Henri de Bernières, le célébrant, a entendu. 

Mariage de Peter Mahler et Jeanne Gueneville provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Mariage de Peter Mahler et Jeanne Gueneville provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Source: Acte 67023, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Mentionnons aussi Léonard Créquy, qui signe Lenart Kreickeldt, originaire de l’évêché de Cologne en Allemagne. Il épouse Catherine Trefflé dit Rotot le 22 mai 1680 à Notre-Dame de Québec et était menuisier, maître-ébéniste et sculpteur.

Mariage de Lenart Kreickeldt provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Mariage de Lenart Kreickeldt provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Source: Acte 67220, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Puis nous avons le matelot Jean D’Eyme, ou plutôt Johann Deigme, patriarche des familles Daigle dit Lallemand. Dans son acte de mariage du 5 novembre 1685 à Charlesbourg avec Marie-Anne Proteau, on le dit originaire de Vienne dans la Basse-Allemagne. Serait-ce Vienne en Autriche? C’est fort possible, mais rien ne nous permet de l’étayer pour l’instant.

Fiche de famille PRDH de Jean Daigle L'Allemand et de Marie Anne Proteau
Fiche de famille PRDH de Jean Daigle L’Allemand et de Marie Anne Proteau
Source: Fiche de famille 5587, PRDH-IGD.com

Et finalement, le cordonnier André Spénard, qui signe Andre Spennert, originaire de la Lorraine selon son acte de mariage célébré le 5 avril 1690 à Notre-Dame de Québec avec Marie Charlotte Thérèse Arnaud. Il est intéressant de noter que Leonard Créquy, mentionné plus tôt dans cet article, est présent au mariage et signe Lennart Creigie (et non Lenart Kreickeldt comme il l’avait fait à son propre mariage).

Nous avons aussi parfois affaire à des cas plus mystérieux, comme celui du mariage de Denis Lagneau et Marie Anne de Kierk/Decker le 15 septembre 1718 à Notre-Dame de Québec. Marie Anne est dite originaire de Saxe en Allemagne. Comment une femme allemande célibataire s’est-elle retrouvée au Québec ? Un mystère! Après 1723, nous perdons leur trace.

Mariage de Marie de Denis Laigneau et Marie Anne Dekierk provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Mariage de Marie de Denis Laigneau et Marie Anne Dekierk provenant du registre de Notre-Dame-de-Québec
Source: Acte 68199, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Comme on peut le constater, ces immigrants sont majoritairement des hommes de métier, comme les premiers colons français en Nouvelle-France. Il serait très intéressant de savoir comment ils ont eu vent de cette opportunité, surtout lorsqu’on considère la distance géographique les séparant de la côte ouest française.

Il est aussi important de mentionner que la religion catholique ne semblait pas être un frein à l’intégration des immigrants allemands au sein de la société québécoise, comme ce sera le cas un siècle plus tard.

Une grande majorité des patronymes de souche germanique ont probablement irrité bien des oreilles de curés ou de notaires qui, malgré leur niveau d’instruction, les ont bien malmenés ou simplement francisés comme dans le cas de Vogel en Loiseau, ou Schneider en Tailleur par exemple.

Dans mon prochain article, je m’attarderai à l’immigration Allemande autour de la Guerre de Sept Ans.

Claude Crégheur

La présence allemande au Québec

Mon nom est Claude Crégheur et je m’intéresse à l’histoire de l’Allemagne depuis plusieurs années. Cet intérêt est né de la découverte de mes origines allemandes à la suite de recherches généalogiques effectuées dès la fin des années 60.

Je ne vous cacherai pas qu’il était encore assez tabou, à cette époque, de parler de mes racines allemandes; la fin de la Seconde guerre mondiale n’était pas si lointaine et l’Allemagne avait très mauvaise presse. N’empêche, ma curiosité a pris le dessus !

Ceci est l’introduction d’une série d’articles dans laquelle je tenterai de dresser un portrait le plus complet possible de l’histoire de l’immigration allemande en territoire québécois, de la Nouvelle-France à aujourd’hui.

En général, la découverte d’ancêtres allemands dans son arbre généalogique apporte son lot de surprises et de frustrations. La plus grande difficulté réside au niveau des graphies des patronymes qui ont évolué dans le temps, certains ayant tout simplement été traduits en français.

Avant d’aller plus loin, je veux m’attarder à la définition du mot allemand. On désigne un Allemand comme une personne habitant le pays appelé Allemagne. Ce pays, tel que nous le connaissons et auquel nous nous référons aujourd’hui, a bien changé au cours des siècles passés. Ses frontières se sont déplacées au gré des guerres et des traités politiques. En tant qu’État-Nation, l’Allemagne n’existe que depuis sa proclamation le 18 janvier 1871. Avant cette date, il existait bien un monde germanique formé de plusieurs petits États, Principautés, Duchés et même Villes libres au même titre qu’un État en soi.

Son histoire est complexe et doit considérer les limites géographiques et politiques ainsi que l’ethnogénèse du peuple allemand.

Régions allemandes

Par exemple, il est fréquent de rencontrer dans les registres paroissiaux du Québec les mots « allemand de nation », même si la personne provenait de l’Alsace ou de la Lorraine, territoires qui ont appartenu un temps à la France et un temps à l’Allemagne. La majorité des ancêtres « allemands » venus s’installer au Québec sont issus des XVIIe et XVIIIe siècles, donc avant l’Allemagne telle qu’on la connait aujourd’hui. Plus on recule dans le temps, plus on se perd dans les subtilités ethniques qui ne sont finalement que des étiquettes. Les grandes invasions dans l’Europe du premier millénaire ont créé un mélange d’origines scandinaves, saxonnes et franques à travers le continent.

La Nouvelle-France s’est peuplée et développée par une immigration française soutenue jusqu’à la Conquête de 1759. Suite à la conquête, d’autres vagues migratoires de l’Europe vers le Canada ont lieu, comprenant cette fois des européens de diverses origines. Si on veut parler d’immigration germanique, on doit tenir compte de ces vagues de migration.

Il faut d’abord bien comprendre qu’on distingue ici deux types d’immigration : le premier type, et probablement le plus important pour le Québec, fut l’immigration par les voies militaires. Les différents conflits qui ont opposé l’Allemagne et l’Angleterre puis l’Angleterre et ses colonies américaines ont contribué à la plus grande vague d’immigration au Québec. Dans la plupart des cas, ces soldats se sont si bien intégrés à leur nouvelle culture, incluant la religion, que plusieurs québécois ignorent qu’ils sont de souche allemande.

Soldat des troupes de Brunswick

Le deuxième type d’immigration est plus aléatoire et s’est développé au gré des guerres, des famines et des tensions politiques ayant touché les pays d’Europe entre les XVIIe et XXe siècles. On l’appelle immigration libre car elle s’est développée par une volonté propre à l’émigrant de vouloir quitter sa terre natale, pour différentes raisons. Ces familles arrivèrent principalement en deuxième partie du XIXe siècle et formèrent des communautés plus fermées, parfois même isolées dotées de leurs églises et écoles distinctes, et conservant souvent leur langue et leur religion luthérienne.

La première moitié du XXe siècle, frappée par les deux grandes guerres, a également contribué à la société québécoise par l’arrivée d’un nouveau groupe d’immigrants.

Dans le prochain article de cette série, j’aborderai la question de l’immigration allemande de la Nouvelle-France jusqu’à la Guerre de Sept Ans.

Claude Crégheur

Registres de décès et sépultures du Québec – Les meilleures sources

Les registres de décès et de sépulture du Québec ont été tenus par l’église puis par le gouvernement depuis maintenant plus de 400 ans. Grâce aux efforts de nombreuses organisations, il est aujourd’hui possible de consulter la majorité de ces documents en ligne. Dans cet article, vous trouverez une liste des meilleures sources de registres de décès du Québec disponibles sur internet.

Pour un article portant sur les avis de décès publiés dans les journaux ou sur internet, rendez-vous à cette adresse.

Le LAFRANCE sur Généalogie Québec (Registres de décès et sépultures du Québec de 1621 à aujourd’hui)

Sépulture provenant des registres de décès du Québec
Sépulture de Marguerite Bourgeois telle que présentée dans le LAFRANCE sur Généalogie Québec

Le LAFRANCE est un outil muni d’un engin de recherche contenant plus de 10 millions d’actes provenant des registres de décès, naissance et mariage du Québec, de l’Ontario et de l’Acadie. En plus de millions d’actes de mariage et naissance, on y trouve TOUTES les sépultures catholiques enregistrés par l’église au Québec des débuts de la colonie à 1861, ainsi que des dizaines de milliers de décès datant de 1862 à aujourd’hui.


Consulter le LAFRANCE sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Mariages et décès 1926-1997 sur Généalogie Québec

La collection Mariages et Décès 1926-1997 contient la totalité des mariages et décès enregistrés par le gouvernement du Québec durant cette période.

Elle est disponible dans le LAFRANCE sur Généalogie Québec.


Consulter les Mariages et Décès 1926-1997 sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Fichier Connolly et Petit NBMDS sur Généalogie Québec (Registres de décès de 1621 à aujourd’hui)

Le Fichier Connolly et le Petit NBMDS sont des outils équipés d’engins de recherche contenant des actes provenant des registres de décès, naissance et mariage du Québec. On y trouve entre autre plus de 1 400 000 sépultures du Québec datant des débuts de la colonie à aujourd’hui.


Consulter le Fichier Connolly sur Généalogie Québec ($)

Consulter le Petit NBMDS sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Registres de l’état civil du Québec (1621 aux années 1940)

La collection des registres de l’état civil du Québec est formée des registres paroissiaux produits au Québec entre 1621 et les années 1940. Bien que ces registres soient numérisés, les actes dont ils sont formés ne sont pas indexés individuellement; il faut parcourir le registre manuellement pour y trouver le décès recherché.


Consulter les registres de l’état civil du Québec jusqu’aux années 1920 sur le site de la BANQ (Gratuit)

Consulter les registres de l’état civil du Québec jusqu’aux années 1940 sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Registres des paroisses du Québec (1621 à 1979)

Une seconde copie des registres paroissiaux du Québec était conservée dans les églises elles-mêmes. Celle-ci est aussi disponible en ligne et est accompagnée d’un index partiel. Elle se rend jusqu’en 1979 pour les paroisses catholiques, et 1967 pour les paroisses protestantes.


Consulter les registres des paroisses catholiques du Québec sur Family Search (Gratuit)

Consulter les registres des paroisses protestants du Québec sur Family Search (Gratuit)

PRDH-IGD (Sépultures du Québec de 1621 à 1849)

Fiche d'individu du PRDH-IGD contenant des informations de sépulture provenant des registres de décès du Québec
Fiche d’individu telle que présentée sur PRDH-IGD.com. Celle-ci contient les informations relatives au décès de l’individu.

Le PRDH-IGD contient tous les actes vitaux catholiques du Québec de la fondation de la colonie jusqu’en 1849. En plus de ces actes, le PRDH-IGD contient des fiches servant à reconstituer la vie des individus et des familles ayant vécu au Québec durant cette période. Ces fiches sont interreliées et forment un arbre généalogique exhaustif de la population canadienne-française du Québec jusqu’au milieu du 19e siècle. Avec cet arbre, une lignée généalogique peut être retracée en quelques clics.


Consulter le PRDH-IGD ($)

Abonnement à PRDH-IGD: à partir de 19,99$

NosOrigines

Fiche de famille contenant des sépultures du Québec provenant de NosOrigines
Fiche de famille provenant de NosOrigines

NosOrigines est une ressource gratuite sur laquelle se trouvent des fiches portant sur des individus et des familles québécoises et acadiennes. La base de ces fiches est souvent l’acte paroissial (baptêmes, mariages et sépultures), et un lien vers le document original auquel fait référence la fiche est parfois inclus.


Consulter NosOrigines (Gratuit)

BMS2000

BMS2000 est un site de recherche offrant plus de 16 millions de registres de décès, naissance et mariage du Québec. La navigation au sein des actes se fait à l’aide d’un engin de recherche, et un lien vers le document original auquel fait référence une fiche est régulièrement inclus.


Consulter BMS2000 ($)

Abonnement à BMS2000: à partir de 20$

Fichier Origine

Le Fichier Origine est un outil répertoriant les informations vitales disponibles à propos des premiers immigrants des familles du Québec. Chaque pionnier possède sa propre fiche sur laquelle on retrouve notamment les informations de décès, avec référence au registre depuis lequel a été tiré sa sépulture.


Consulter le Fichier Origine (Gratuit)

Registres de naissances et baptêmes du Québec – Les meilleures sources

Grâce aux efforts des autorités religieuses puis éventuellement du gouvernement, les registres de naissances du Québec sont tenus depuis maintenant plus de 400 ans. De nos jours, une grande partie de ces registres peuvent être consultés en ligne aisément. Dans cet article, vous trouverez une liste des meilleures sources de baptêmes et de registres de naissances du Québec disponibles sur internet.

Le LAFRANCE sur Généalogie Québec (Registres de naissances du Québec de 1621 à aujourd’hui)

Baptême provenant des registres de naissance du Québec
Baptême de Louis-Joseph Papineau tel que présenté dans le LAFRANCE sur Généalogie Québec

Le LAFRANCE est une base de données équipée d’un engin de recherche contenant des actes provenant des registres de naissances, mariages et décès du Québec ainsi que de l’Ontario et de l’Acadie. En plus de millions d’actes de mariage et sépulture, on y retrouve TOUS les baptêmes catholiques enregistrés dans la province des débuts de la colonie à 1861, ainsi que des dizaines de milliers de baptêmes datant de 1862 à aujourd’hui.


Consulter le LAFRANCE sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Fichier Connolly et Petit NBMDS sur Généalogie Québec (Registres de naissances de 1621 à aujourd’hui)

Le Fichier Connolly et le Petit NBMDS sont des bases de données équipées d’un engin de recherche contenant des actes provenant des registres du Québec. On y trouve notamment près de 3 millions d’actes de baptême du Québec datant des débuts de la colonie à aujourd’hui.


Consulter le Fichier Connolly sur Généalogie Québec ($)

Consulter le Petit NBMDS sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Registres de l’état civil du Québec (Baptêmes du Québec de 1621 aux années 1940)

Les registres de l’état civil du Québec accessibles au public sont formés des registres paroissiaux enregistrés au Québec entre 1621 et les années 1940. Il s’agit d’une version numérisée des registres, mais il faut noter que les différents événements ne sont pas indexés individuellement; il faut parcourir le registre manuellement pour y trouver l’acte désiré.


Consulter les registres de l’état civil du Québec jusqu’aux années 1920 sur le site de la BANQ (Gratuit)

Consulter les registres de l’état civil du Québec jusqu’aux années 1940 sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Registres des paroisses du Québec (1621 à 1979)

Les registres de l’état civil existent en deux copies, celle mentionnée précédemment, et celle qui était conservée dans les églises elles-mêmes. Cette copie conservée dans les églises est disponible en ligne accompagnée d’un index partiel et s’arrête en 1979 pour les actes catholiques, et 1967 pour les actes protestants.


Consulter les registres des paroisses catholiques du Québec sur Family Search (Gratuit)

Consulter les registres des paroisses protestants du Québec sur Family Search (Gratuit)

PRDH-IGD (Baptêmes du Québec de 1621 à 1849)

Fiche de baptême provenant des registres de naissance du Québec
Fiche de baptême provenant de PRDH-IGD

Le PRDH-IGD contient tous les actes de baptême, mariage et sépulture catholiques du Québec de 1621 à 1849. Ces actes sont présentés sur le site sous forme de fiche, mais sont aussi utilisés pour reconstituer la vie d’un individu ou d’une famille via des fiches détaillées. Ce processus est nommé la « reconstruction familiale » et résulte en un arbre généalogique extrêmement détaillé de l’entièreté de la population canadienne-française du Québec jusqu’en 1849. Cet arbre permet de retracer une lignée complète en quelques clics.

Consulter le PRDH-IGD ($)

Abonnement à PRDH-IGD: à partir de 19,99$

NosOrigines

Fiche de famille contenant des baptêmes du Québec provenant de NosOrigines
Fiche de famille provenant de NosOrigines

NosOrigines est un site gratuit contenant des fiches portant sur des individus et des familles du Québec et de l’Acadie. Ces fiches sont basées sur des événements vitaux provenant surtout des registres du Québec. Un lien vers le document original auquel fait référence la fiche est parfois inclus.


Consulter NosOrigines (Gratuit)

BMS2000

BMS2000 contient plus de 16 millions d’actes provenant des registres de naissances, mariage et décès du Québec. La base de données peut être consultée avec aise à l’aide d’un engin de recherche. Un lien vers le document original auquel fait référence une fiche est souvent inclus.


Consulter BMS2000 ($)

Abonnement à BMS2000: à partir de 20$

Fichier Origine

Le Fichier Origine est formé de fiches d’individu construites à partir des actes de l’état civil et des actes notariés. Ces fiches portent sur les premiers immigrants des familles s’étant établies en sol québécois, et ce des origines jusqu’en 1865. Ces fiches d’individu répertorient entre autres le lieu et la date de naissance de ces pionniers.


Consulter le Fichier Origine (Gratuit)

Registres de mariages du Québec – Les meilleures sources

En généalogie, les registres de mariages sont la clé pour retracer ses ancêtres. Nous avons la chance, au Québec, d’avoir accès à la majorité des mariages enregistrés dans la province des débuts de la colonie jusqu’à aujourd’hui, grâce aux archives conservées par l’église puis par le gouvernement. Dans cet article, vous trouverez une liste des meilleures sources gratuites et payantes de registres de mariages du Québec.

Le LAFRANCE sur Généalogie Québec (Registres de mariages du Québec de 1621 à aujourd’hui)

Mariage du Québec provenant de Généalogie Québec
Mariage du Québec tel que présenté dans le LAFRANCE sur Généalogie Québec

Le LAFRANCE est une base de données équipée d’un engin de recherche contenant des actes de naissance, décès et mariage du Québec ainsi que de l’Ontario et de l’Acadie. En plus de millions d’actes de baptême et sépulture, on y retrouve plus de 5 millions de mariages religieux et civils du Québec, incluant tous les mariages catholiques de la province de sa fondation jusqu’en 1919.


Consulter le LAFRANCE sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Mariages et décès 1926-1997 sur Généalogie Québec

Mariage du Québec provenant de Généalogie Québec
Mariage du Québec tiré de la collection Mariages 1926-1997

La collection Mariages et Décès 1926-1997 contient la majorité des mariages et des décès enregistrés par le gouvernement du Québec durant cette période.

Elle peut être consultée dans le LAFRANCE sur Généalogie Québec.


Consulter les Mariages et Décès 1926-1997 sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Registres de l’état civil du Québec (1621 aux années 1940)

Les registres de l’état civil du Québec sont une collection comprenant la quasi-totalité des registres paroissiaux enregistrés au Québec entre 1621 et les années 1940. Cette collection comprend une version numérisée des registres, mais les actes contenus dans ceux-ci ne sont pas indexés; il faut parcourir le registre manuellement à l’année souhaitée pour y trouver l’acte recherché.


Consulter les registres de l’état civil du Québec jusqu’aux années 1920 sur le site de la BANQ (Gratuit)

Consulter les registres de l’état civil du Québec jusqu’aux années 1940 sur Généalogie Québec ($)

Abonnement à Généalogie Québec: à partir de 7$

Registres des paroisses du Québec (1621 à 1979)

Une deuxième copie des registres de l’état civil existe, celle qui était conservée dans les églises elles-mêmes. Cette collection est disponible avec un index partiel et se rend jusqu’en 1979 pour les paroisses catholiques, et 1967 pour les paroisses protestantes.


Consulter les registres des paroisses catholiques du Québec sur Family Search (Gratuit)

Consulter les registres des paroisses protestants du Québec sur Family Search (Gratuit)

PRDH-IGD (Registres de mariages du Québec de 1621 à 1849)

Fiche de famille contenant des mariages du Québec provenant de PRDH-IGD
Fiche de famille telle que présentée sur PRDH-IGD.com. Elle centralise toute l’information disponible sur le couple et ses enfants.

Le PRDH-IGD contient tous les actes paroissiaux catholiques enregistrés au Québec entre 1621 et 1849, soit un total de plus de 2.5 millions d’actes.

Tout individu mentionné dans ces actes se voit attribuer sa propre «fiche d’individu» dans laquelle est centralisée toute l’information disponible sur l’individu, en plus de liens vers tous les actes ou l’individu est mentionné dans la base de données.

De plus, tout couple marié reçoit sa propre «fiche de famille» qui remplit le même rôle que la fiche d’individu, mais à propos d’une famille. Elle contient la liste de tous les enfants du couple avec liens à leurs fiches d’individu respectives, ainsi que la liste de tous les événements vitaux de ces enfants avec liens vers les actes en question, en plus d’autres informations complémentaires portant sur le couple marié.

Plus simplement, le PRDH-IGD est un arbre généalogique approfondi de la population canadienne française du Québec des débuts de la colonie jusqu’en 1849.


Consulter le PRDH-IGD ($)

Abonnement à PRDH-IGD: à partir de 19,99$

NosOrigines

Fiche de famille contenant des mariages du Québec provenant de NosOrigines
Fiche de famille telle que présentée sur NosOrigines

NosOrigines est un site gratuit regroupant des centaines de milliers de fiches portant sur des familles du Québec. Ces fiches font références à des événements vitaux provenant majoritairement des registres de mariages, baptêmes et sépultures du Québec. Un lien vers le document original disponible sur Family Search est parfois inclus.


Consulter NosOrigines (Gratuit)

BMS2000

BMS2000 est un site web de recherche regroupant plus de 16 millions d’actes de baptême, sépulture et mariage du Québec. Un engin de recherche permet d’explorer la base de données avec aise. Un lien vers le document original disponible sur Family Search est parfois inclus.


Consulter BMS2000 ($)

Abonnement à BMS2000: à partir de 20$

Fichier Origine

Le Fichier Origine contient des fiches d’individu basées sur des actes de l’état civil et des actes notariés portant sur les premiers immigrants des familles s’étant établies en sol québécois des origines jusqu’en 1865. Ces fiches d’individu répertorient entre autres les informations de mariage de ces pionniers, que celui-ci ait eu lieu au Québec ou dans le pays d’origine.


Consulter le Fichier Origine (Gratuit)

La généalogie et l’histoire des femmes

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(Cet article fait suite à La généalogie et le travail du care)

En tant que généalogistes, nous avons accès à des petites fenêtres sur le passé. Nos histoires familiales, la vie de nos ancêtres, s’inscrivent dans le contexte beaucoup plus large de la société dans laquelle ils et elles ont vécu. Si nous sommes attentif.ve.s dans nos recherches, nous pouvons en percevoir des bribes. Ces petites parcelles de passé peuvent être très instructives et nous aider à mieux comprendre certaines réalités. En ce sens, il me semble que la généalogie peut servir l’émancipation féministe : elle peut éclairer l’histoire des femmes.

En effet, la généalogie peut nous en apprendre beaucoup sur les conditions de vie des femmes à différentes époques. Lors de nos recherches généalogiques, nous sommes amené.e.s à découvrir combien d’enfants ont eu nos ancêtres, à quel intervalle, combien ont survécu, quel âge elles avaient au moment de leur(s) mariage(s) et de leur(s) accouchement(s), si elles ont été veuves, combien de fois, à quel âge, etc. À partir de ces faits, on peut reconstruire leurs histoires de vie, partiellement bien sûr, puisqu’elles ne peuvent se résumer entièrement à leur contexte familial. Toutefois, le rôle des femmes ayant souvent été de s’occuper de la famille, ces faits peuvent nous en apprendre beaucoup sur leurs quotidiens, les grandes étapes de leurs vies et les défis qu’elles ont traversés.

Source: Fiche d’individu 13420, PRDH-IGD.com
Source: Fiche de famille 4903, PRDH-IGD.com
Les fiches d’individu et de famille de Marie Catherine Sicotte, provenant de PRDH-IGD.com nous donnent un aperçu relativement détaillé de la vie de Marie Catherine; son lieu et sa date de naissance, mariage et décès, le nom de ses parents ainsi que la liste de ses enfants incluant le lieu et la date de leur naissance, mariage et décès.

On peut également très certainement voir dans ces informations les différentes façons dont le patriarcat a influencé la vie des femmes. Les normes sociales, parfois subtiles et les lois, beaucoup plus concrètes entourant par exemple les injonctions au mariage et à la maternité, l’accès à la contraception et à l’avortement, se reflètent directement dans nos arbres généalogiques et dans nos histoires de famille. Lorsque nous connectons les histoires de vie de plusieurs générations, nous pouvons même constater comment ces influences ont évolué à travers les décennies, voire les siècles.

La généalogie peut aussi permettre de comprendre quel rôle les femmes jouaient au sein de la société. Si les documents dont nous nous servons dans une recherche généalogique mentionnent souvent le métier des hommes, c’est beaucoup plus rarement le cas pour les femmes, qui s’occupaient généralement de la famille ou qui aidaient, dans l’ombre, leur mari avec l’entreprise familiale. Toutefois, il existe une exception : le travail de sage-femme! Les sages-femmes qui ont aidé un enfant à naître sont ainsi parfois mentionnées sur les actes de baptême.

“Née de parents inconnus à Québec, à nous présentée par Marie Guérin sage femme de cette paroisse.”
Source:Acte 2953156, LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Les rôles que les femmes jouaient au sein de nos sociétés sont rarement valorisés. Ils étaient pourtant d’une importance capitale! Les sages-femmes pouvaient être des ressources médicales de proximité indispensables, surtout dans des villages plus petits ou éloignés où l’accès à un médecin n’était pas toujours garanti (Laforce, 1983 :7 ; Bates et al, 2005 :18). Le travail ménager et l’éducation des enfants sont également essentiels dans n’importe quelle famille, et c’est souvent parce que les femmes s’en occupaient que les hommes étaient en mesure de se consacrer à d’autres activités, plus publiques et davantage vues comme importantes (comme la politique, l’art, la science, etc).

Cette dévalorisation se poursuit encore aujourd’hui : il n’est pas rare que les femmes qui choisissent de rester à la maison sont considérées comme ne travaillant pas (comme le soulignait déjà la pièce de théâtre « Môman travaille pas, a trop d’ouvrage » (Théâtre des cuisines, 1976)), et les emplois traditionnellement féminins sont significativement sous-payés. Comme le souligne la Fondation canadienne des femmes : «  les classes professionnelles à majorité féminine sont généralement perçues comme non qualifiées, car les tâches en question sont généralement associées au travail domestique dont les femmes se chargent gratuitement au foyer » (Fondation canadienne des femmes, 2021). En mettant ces rôles de l’avant dans nos recherches généalogiques, nous pouvons participer à les revaloriser, afin que les contributions des femmes du passé et du présent soient davantage reconnues.

Ce genre de recherches généalogiques permet aussi de faire le pont entre les histoires familiales, personnelles à chaque chercheur.euse et l’histoire beaucoup plus globale d’une société. La généalogie participe ainsi à lier les sphères publique et privée, que le modèle patriarcal nous présente comme fondamentalement opposées (Bereni et Revillard, 2009). Cette opposition est directement liée à l’oppression des femmes : c’est parce qu’il s’agit de domaines complètement différents, voire incompatibles que l’assignement des femmes à la sphère privée les exclut de facto de la sphère publique.

Les féministes se sont donc attelées à déconstruire cette opposition : c’est notamment cette idée qui est portée par le célèbre slogan des féministes radicales « le privé est politique ». On pourrait ainsi considérer que certaines pratiques généalogiques, en liant les deux sphères et en brouillant la frontière qui les sépare, participent à cette déconstruction et au projet d’émancipation féministe !

Audrey Pepin


Bibliographie :

Bates, Christina, Dodd, Diane et Rousseau, Nicole (2005). Sans Frontières : quatre siècles de soins infirmiers canadiens. Ottawa : Les Presses de l’Université d’Ottawa. 248 p.

Bereni, Laure et Revillard Anne. (2009). « La dichotomie “Public-Privé’’ à l’épreuve des critiques féministes: de la théorie à l’action publique ». Dans Genre et action publique : la frontière public-privé en questions, Muller, P. et Sénac-Slawinski, R (dir.). Paris : L’Harmattan. p. 27-55.

Fondation canadienne des femmes (2021). L’écart salarial entre hommes et femmes au Canada : les faits [En-Ligne]. Récupéré de : https://canadianwomen.org/fr/les-faits/lecart-salarial/ 

Laforce, Hélène (1983). L’évolution du rôle de la sage-femme dans la région de Québec de 1620 à 1840. (Mémoire de maîtrise). Québec : Université Laval, 368 p. Récupéré de : https://corpus.ulaval.ca/jspui/handle/20.500.11794/28994 

Théâtre des cuisines. (1976). Môman travaille pas, a trop d’ouvrage. Montréal : Les Éditions du Remue-Ménage, 78 p.

La généalogie et le travail du care

Dans ma première série d’articles sur ce blog, « Les femmes : grandes oubliées des arbres généalogiques »1, je me suis intéressée au rapport que la généalogie entretient avec les femmes, en explorant les raisons et les conséquences de leur exclusion de la plupart des recherches. Pour cette nouvelle série, j’ai eu envie de renverser la perspective et de m’intéresser au rapport que les femmes, elles, entretiennent avec la généalogie. Quelles sont les motivations derrière leurs recherches? Qu’est-ce que leurs enquêtes leur permettent d’accomplir? Quelle place occupe la notion de genre dans leurs pratiques? La généalogie est-elle, pour les femmes qui s’y adonnent, source d’émancipation féministe?

Les pratiques généalogiques individuelles sont, très souvent, une affaire familiale. On fait de la généalogie pour retrouver ses ancêtres, pour partager nos découvertes avec nos proches et pour léguer aux générations futures une meilleure connaissance de leur passé. Il m’a donc semblé logique de commencer par voir si la généalogie pouvait s’inscrire dans le rôle traditionnellement attribué aux femmes dans la cellule familiale : le care.

« The Spring Clean », artiste inconnu. Source : Wikimedia Commons

Qu’est-ce que le care?

Le terme care a d’abord été popularisé par Carol Gilligan, qui parlait plus précisément d’éthique du care. Ses travaux mettaient en relief les bases particulières sur lesquelles repose le jugement moral et éthique des femmes, qui serait davantage contextuel et ancré dans le maintien des relations humaines et dans l’interdépendance des individus (voir Gilligan, 2008 [1982]). Le concept de care a éventuellement dépassé les questions de philosophie et de psychologie auxquelles s’intéressait Gilligan. Les théories féministes font aujourd’hui très souvent référence au « travail du care ». On entend par là un ensemble de tâches concrètes (on pourrait aussi dire physiques, matérielles) ou moins visibles (relevant davantage de l’immatériel), qui visent à prendre soin des autres et du monde qui nous entoure. 
Ces tâches sont généralement (du moins dans nos sociétés patriarcales) attribuées aux femmes. Joan Tronto, une chercheuse qui s’est notamment intéressée au care, définit le concept ainsi : « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre monde, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie » (Tronto, 2009 [1993] : 143).

Le concept comprend ainsi le travail ménager (l’entretien du logis, la planification, la préparation des repas, l’achat de biens pour le ménage, l’éducation des enfants, etc (voir Robert, 2017 : 15)), mais aussi une manière de percevoir le monde et les autres et une façon d’être préoccupé par eux, d’avoir conscience de la responsabilité que nous avons à leur égard et de se soucier de leur bien-être (Garrau et Le Goff, 2010 : 5). On peut penser à l’écoute et l’empathie nécessaires pour s’adapter à ses proches et les aider, aux petites attentions qui permettent d’entretenir une relation, etc. 
Le travail du care s’inscrit aussi dans la fameuse division public-privé dont j’ai discuté dans mes précédents articles (et particulièrement ici). Pour empêcher les femmes d’accéder à la sphère publique, aux lieux de décision et de pouvoir, le système patriarcal les a historiquement reléguées à la sphère privée, notamment en les assignant au travail du care au sein de leur famille (Bereni et Revillard, 2009).

La recherche généalogique et la pratique du care

La généalogie peut, elle aussi, être une forme de travail du care. Dans le cadre de sa thèse de doctorat, « Family webs : the impact of women genealogy research on family communication » (Réseaux familiaux : l’impact des recherches généalogiques des femmes sur les communications familiales), Amy M. Smith (2008) a interviewé 22 femmes généalogistes pour comprendre comment leurs pratiques généalogiques s’inscrivaient dans leurs environnements familiaux ainsi que dans la société patriarcale dans laquelle nous vivons. Les résultats de ces entrevues la mènent à nommer le care comme étant une composante très importante des pratiques généalogiques des femmes. Elle explique notamment que la recherche généalogique joue un rôle clé dans la construction des identités individuelles des membres de la famille et dans l’identité de la famille comme un tout. La généalogie, parce qu’elle permet de mieux comprendre l’histoire de notre famille, peut aussi être d’une grande utilité pour la guérison des traumas intergénérationnels ou pour vivre plus sereinement certains deuils. S’occuper de la généalogie familiale peut ainsi être un moyen de prendre soin, à la fois des individus qui composent une famille et des liens qui les unissent.

Est-ce que cela signifie que la généalogie est une pratique opprimante, qui enferme les femmes? Pas du tout! Le travail du care n’est pas opprimant en soi : c’est plutôt sa dévalorisation, l’absence de reconnaissance pour celles qui le pratiquent, son instrumentalisation pour éloigner les femmes de la sphère publique et son inégale répartition entre les hommes et les femmes qui font l’objet de dénonciations par les féministes. 

« Mother and Child (The Goodnight Hug) », Mary Cassat. Source : Wikimedia Commons.

Care et émancipation

Le care est par ailleurs revendiqué comme pouvant s’inscrire dans une démarche d’émancipation féministe. Certaines théoriciennes considèrent le care comme fondamentalement subversif, car il « permet de montrer clairement l’importance de valoriser ce que les femmes valorisent, et non pas permettre aux femmes d’accéder à ce que les hommes valorisent » (Savard-Laroche, 2020 : 63). Certaines théoriciennes vont jusqu’à dire que « le care n’est ni plus ni moins qu’une réponse cohérente, à la fois réaliste et visionnaire, aux écueils des paradigmes dominants » (Bourgault et Perreault, 2015 : 14). L’idée de prendre soin de notre environnement et des autres, de ne pas stigmatiser la dépendance et la vulnérabilité mais de plutôt mettre de l’avant l’interdépendance entre les humain.e.s peut être une façon de contrer les idéologies capitalistes et coloniales qui détruisent l’environnement et valorisent l’autonomie, l’individualité et l’indépendance au détriment de la solidarité.

Une pratique généalogique ancrée dans le care pourrait ainsi, sous certaines circonstances, contribuer à la valorisation des éthiques du care et à une certaine émancipation féministe. Dans sa thèse, Amy M. Smith dénote d’ailleurs qu’en s’intéressant aux connexions entre les individus, mais aussi entre des familles entières, les généalogistes arrivent à voir l’interconnexion qui existe entre tous les êtres humains (Smith, 2008 : 107). Entre cette interconnexion et l’interdépendance mise de l’avant par les éthiques du care, il n’y a qu’un pas!

Il faut aussi se rappeler que le care n’est qu’un aspect des pratiques généalogiques des femmes. Il existe bien sûr autant de rapports à la généalogie qu’il existe de femmes qui la pratiquent, et ceux-ci peuvent par ailleurs se révéler très émancipateurs sous une multitude d’autres angles : ce sera d’ailleurs le sujet de la deuxième partie de cette série d’articles.

Audrey Pepin


1 Vous pouvez lire en cliquant sur les liens la partie 1,la  partie 2 et la partie 3

Bibliographie :

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