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Comprendre la variation linguistique dans les noms et prénoms de vos ancêtres

Vos recherches généalogiques vous ont peut-être donné l’impression que vos ancêtres changeaient de noms et de prénoms comme de chemise. Le concept des « noms dit », abordé dans un précédent article de blog, éclaire une partie de cette variation parfois obscure aux yeux d’un observateur du 21e siècle.

Si le baptême a constitué pendant quatre siècles la pierre angulaire de l’existence civile au Canada français, cette identité était jusqu’au début du siècle dernier beaucoup moins contraignante qu’aujourd’hui. Il n’était donc pas inhabituel d’observer une certaine variation dans les noms et prénoms utilisés par un individu au cours de sa vie, phénomène favorisé par l’instabilité orthographique des noms propres, un système d’enregistrement civil moins restrictif et l’analphabétisme.

Sous la lumière de la linguistique, cet article abordera quelques astuces à garder en tête afin de retracer toutes les occurrences de vos ancêtres dans les archives.

Ne pas se fier à l’orthographe

Ce conseil peut paraître anodin pour le généalogiste averti, mais il convient de le rappeler. Par exemple, l’ancêtre des Hétu actuels signait son nom Estur. Le ‹ s › ainsi que le ‹ r ›, qui ne se prononçaient plus, constituaient des reliques orthographiques, comme il en existe tant en français. Le ‹ h › est une lettre ornementale, ajoutée au fil des ans.

Il ne faut pas non plus systématiquement attribuer la variation orthographique à l’analphabétisme. L’exemple des Hénault est parlant. Quatre membres d’une famille de notables éduqués apposaient en 1816 leur signature au bas de l’acte de mariage d’Honoré Hénault et Julienne Mailloux, orthographiant leur nom de trois manières différentes : Hénault, Heneault et Eno. Le prêtre a choisi quant à lui une variante désaccentuée avec Henault.

Acte de mariage d’Honoré Henault et Julienne Mailloux tiré de l’outil LAFRANCE de GenealogieQuebec.com

Avant la fixation des noms propres, leur graphie relevait, dans une certaine mesure, du goût du porteur du nom, du prêtre ou du notaire.

Garder en tête que la langue change

La plupart des Dion d’aujourd’hui sont des descendants patronymiques de Jean Guyon. Comment est-ce possible? Notons d’abord que Guyon se prononce Gui-yon et non Gü-yon. De nos jours, le ‹ g › dur s’articule à l’arrière du palais, et le ‹ d › s’articule derrière les incisives supérieures. Cependant, par le passé, le ‹ g ›, lorsque suivi par une voyelle prononcée à l’avant de la bouche, comme le ‹ i ›, tendait à se déplacer vers l’avant. Ce processus linguistique a induit un glissement de Guyon à Dion.

Guyot, qui, comme Guyon, dérive du prénom Guy, a vécu une transformation parallèle en donnant naissance à Diotte. Certains noms ont cependant parcouru le chemin inverse : Pierre Andiran est l’ancêtre de tous les Languirand.

De la même façon, les Chiasson et Giasson partagent la même souche. Seule la vibration des cordes vocales en début de mot sépare ces deux noms. En l’absence d’une orthographe fixée, cette caractéristique phonétique était susceptible de fluctuer selon les régions, les époques et les individus. Ainsi, à l’instar de Guyon et Dion, il faut voir en cette paire de noms les deux faces d’une même pièce.

Les voyelles ont aussi été affectées par des changements linguistiques. Peut-être serez-vous surpris d’apprendre que les Harvey du Québec n’ont pas, pour la plupart, hérité leur nom d’un immigrant anglo-saxon. Leur nom est plutôt issu d’une transformation vocalique du nom Hervé.

Être à l’affût de sons effacés ou ajoutés

L’absence d’une norme orthographique stricte en ce qui concerne les noms propres favorise la variation orale. C’est donc tout naturellement que certains sons et syllabes, selon leur position dans le mot, tendent à apparaître ou disparaître.

Une cause d’ajout est l’introduction des articles définis lela et l’ devant les noms de famille : il était de coutume d’appeler les gens le Gagnonla Corriveau ou alors l’Andiran. La réinterprétation de cette structure en une forme fusionnée achève d’expliquer la transformation d’Andiran en Languirand.

Prononcez maintenant à voix haute Reguindeau, puis Reyindeau. Vous remarquerez probablement la proximité entre ces deux formes, et la facilité de passer de l’une à l’autre. Cette transformation du ‹ g › dur en ‹ y › est un exemple de palatalisation­; le même phénomène lie gueule à yeule. Vous aurez peut-être reconnu le nom de famille Riendeau, hérité du pionnier rochelais Joachim Reguindeau.

Le pionnier François Amirault dit Tourangeau offre un autre exemple d’élision en laissant parmi ses descendants des Amirault, mais surtout des Mireault, avec toutes leurs variantes orthographiques. Le phénomène inverse s’observe avec le prénom féminin Zélie, dont est née la variante Azélie.

L’alternance entre des prénoms qui ne sont essentiellement distingués que par quelques sons ou syllabes supplémentaires s’observe sans égard à la parenté étymologique. Au Canada français, Élisabeth et son dérivé ancien Isabelle se sont comportées comme deux variantes d’un même prénom jusqu’au 19e siècle. Inversement, Domitille et Mathilde, Jérémie et Rémi, Apolline et Pauline ainsi que Napoléon, Paul et Léon ne sont pas étymologiquement reliés.

Repérer les consonnes, voyelles et syllabes partagées

Au-delà des segments tronqués, certains noms ont des similitudes plus subtiles qui expliquent qu’ils ont souvent été confondus, et parfois même utilisés de façon interchangeable.

Apolline et Hippolyte, Jérémie et Germain, Mathilde et Martine ainsi qu’Alice et Élise illustrent ce phénomène. Dans d’autres cas, les ressemblances semblent encore plus ténues. Il est peu probable qu’un généalogiste d’aujourd’hui perçoive spontanément un lien entre Angélique, Julie et Judith; les registres montrent toutefois que ces trois prénoms ont souvent été utilisés en alternance par les mêmes femmes.

Toutes les apparitions de Marie Angélique (Judith, Julie) Desgranges dans les actes de PRDH-IGD.com, qui illustre l’interchangeabilité de ces prénoms au fil des actes.

Se concentrer sur la partie la plus distinctive

Un prénom avec une terminaison peu commune est susceptible d’être substitué par d’autres prénoms partageant cette caractéristique. C’est le cas de David et Ovide ou de Stanislas et Wenceslas.

La partie la plus distinctive d’un prénom, ou même d’un de famille, est parfois un noyau qui peut être complété par divers préfixes et suffixes. Ainsi, Rose se décline en Rosalie, Rosanna, Rosina et Rosa. Les prénoms féminins structurés autour du noyau ‹ del › sont un autre exemple de ce phénomène. En variant les débuts et terminaisons, ce groupe réunit Adèle, Adélaïde, Adeline, Délie, Délina, Délia, Délima, Odeline et même Odile, des prénoms qui ne sont pas tous étymologiquement liés mais qui en sont venus à se ressembler et parfois s’échanger.

De la même façon, il n’est pas surprenant que Brunet soit occasionnellement remplacé par Bruneau ou Brunel, ou que Gendreau alterne avec Gendron.

Connaître les combinaisons de prénoms inspirées des saints

Pour éclaircir ce dernier type de variation, il faut faire appel à la religion plutôt qu’à la linguistique. Certains saints et bienheureux portent des prénoms composés de plusieurs particules, le plus connu étant sans aucun doute Jean Baptiste. Un individu est alors susceptible d’utiliser l’une ou l’autre de ces particules. Ainsi, Rose de Lima offre comme options Rose et ses cousines Rosalie, Rosanna, Rosa de même que Délima et même Délina.

François Xavier, Jean François Régis, Pierre Chrysologue, Jeanne (Françoise Frémyot) de Chantal ou encore Marie des Anges, parmi tant d’autres, invitent eux aussi à une alternance entre les particules qui les composent.

La fonction ressemblance dans le LAFRANCE et sur PRDH-IGD.com

La fonction « Ressemblance » de l’engin de recherche du PRDH-IGD.com et du LAFRANCE de GenealogieQuebec.com permet de neutraliser certaines de ces variations.

Engin de recherche de PRDH-IGD.com avec la fonction Ressemblance activée.

Par exemple, la recherche de Mathilde en utilisant cette fonction génèrera une liste comprenant des Mathilde, Domitille, Martine, Donatille, Mélitime, Métheldée et Militilde, avec leurs diverses graphies, facilitant ainsi grandement la tâche des généalogistes.

 

Marielle Côté-Gendreau
Étudiante et collaboratrice au Programme de recherche en démographie historique (PRDH) de l’Université de Montréal.

Le site du PRDH fête ses vingt ans!

Le site du PRDH fête ses vingt ans! En effet, c’est au début de l’été 1999 qu’a été inauguré le site servant à diffuser en ligne, auprès du public, les informations généalogiques compilées aux fins de la recherche universitaire par le Programme de recherche en démographie historique (PRDH) de l’Université de Montréal.

Réalisé en collaboration avec la Maison Gaëtan Morin éditeur grâce à une subvention du Fonds de l’autoroute de l’information, initiative du Gouvernement du Québec visant entre autres à accroître la présence de contenus francophones sur l’Internet, le site s’inscrivait dans une continuité de près de vingt années.

C’est que le PRDH élabore aux fins de la recherche universitaire un registre informatisé de population, constitué des dossiers biographiques de tous les individus de souche européenne qui ont vécu dans la vallée du Saint-Laurent, un tel registre permettant de répondre aux interrogations relatives aux différentes populations humaines en général et à celle du Québec en particulier et représentant un véritable système d’information de nature interdisciplinaire.

Fiche de baptême provenant du site du PRDH

Or, ce registre repose essentiellement sur le dépouillement exhaustif des registres paroissiaux du Québec ancien. C’est en effet par l’attribution systématique des actes de baptême, mariage et sépulture aux individus qu’ils concernent, – la « reconstruction des familles », effectuée sur la base des noms et des relations de parenté – que les personnes sont identifiées et que leurs biographies sont établies; de ce fait, le registre contient alors l’histoire nominative des ancêtres québécois de tous les Canadiens-français et intéresse un vaste public.

Fiche d’individu provenant du site web du PRDH

C’est pourquoi le PRDH inaugurait en 1980 une série de publications destinées au grand public – répertoire des actes de baptême , mariage et sépulture en 47 volumes couvrant le Régime français, Cd-Rom étendant ce répertoire à l’ensemble du XVIIIe siècle, Dictionnaire généalogique des familles des origines à 1765 sur Cd-Rom -, culminant avec le site internet ouvert en 1999. La vente de ces divers produits dérivés de ses activités a procuré au PRDH au fil des années des revenus qui ont toujours été réinvestis dans le projet; on a pu ainsi évoquer « la généalogie au service de la science…et la science au service de la généalogie »!

Constamment corrigé lorsque nécessaire et enrichi au fil du temps, le site du PRDH s’est rapidement imposé comme la référence pour la généalogie québécoise des XVIIe et XVIIIe siècles. Bien plus, le PRDH a instauré il y a une dizaine d’années une fructueuse entente de collaboration avec l’Institut Généalogique Drouin (IGD) visant à mettre en commun leurs ressources et expertises pour étendre la couverture du Registre au XIXe siècle. Aidés par une subvention de la Fondation Canadienne pour l’Innovation (FCI) obtenue pour la mise en place d’une Infrastructure intégrée de micro-données historiques de la population du Québec (IMPQ), le Registre du PRDH  a ainsi été prolongé jusqu’en 1849, triplant le nombre d’actes d’état civil impliqués.

Fiche de famille provenant du site du PRDH

Aujourd’hui, PRDH-IGD.com contient plus de 2.5 millions d’actes et offre aux chercheurs ainsi qu’aux généalogistes amateurs et professionnels une des bases de données les plus détaillées et complètes en son genre.

Vous pouvez vous abonner à PRDH-IGD.com et consulter le fruit de ces décennies de travail à cette adresse.

Pour un aperçu plus détaillé de la base de données et de son fonctionnement, vous pouvez consulter cet article sur le blog de l’Institut Drouin.

 

Bertrand et François Desjardins

Les surnoms et les « noms dit » canadiens-français

Si vous avez déjà effectué des recherches généalogiques au Québec, il est probable que vous ayez eu affaire à des « noms dit”, c’est à dire des noms susceptibles d’être accolés au nom de famille de base et même de se substituer à lui.

Ceux-ci abondent dans l’histoire nominative du Québec ancien. Leurs origines sont multiples: surnom militaire, sobriquet lié à une caractéristique physique, lieu d’origine de l’immigrant, noms de fiefs chez les nobles, nom de la mère, prénom du père, etc. Certains remontent à l’ancêtre, d’autres sont introduits par des descendants; certains se transmettent, d’autres pas; certains sont propres à l’ensemble d’une lignée, d’autres ne concernent qu’un sous-ensemble.

Du point de vue pratique, il en résulte qu’un individu peut être désigné par un surnom à peu près n’importe quand, sans qu’il soit possible d’énoncer des règles permettant de le prévoir.

Exemple provenant du LAFRANCE de GenealogieQuebec.com, un individu portant le nom dit «Bellefleur» en plus de son nom «Pelletier»

Dans le contexte de la recherche généalogique, on peut considérer les « noms dit » comme un second nom de famille donné à un individu.

Pour illustrer le phénomène, nous pouvons utiliser la combinaison courante Roy dit Desjardins. Si vous descendez de la lignée Roy dit Desjardins, vos ancêtres pourraient avoir porté les noms Desjardins, Roy, ainsi que Roy dit Desjardins au fil des générations, ce qui peut porter à confusion si vous n’êtes pas familier avec le concept des « noms dit”. En effet, vos ancêtres pourraient avoir porté l’un ou l’autre de ces noms au fil des actes, et ce en alternance!

C’est pourquoi vous trouverez, sur PRDH-IGD.com ainsi que sur le LAFRANCE de GenealogieQuebec.com, une fenêtre dédiée aux associations de « noms et surnoms dit”. Vous trouverez cette fenêtre directement dans l’engin de recherche.

Lorsque vous entrez un nom de famille à rechercher, vous verrez apparaître les « noms dit” associés à ce nom de famille selon leur fréquence dans la base de données. Cet outil est particulièrement utile puisqu’il peut vous permettre de retracer une lignée d’individus ayant porté différents noms de famille au fil des générations. Par exemple, si vous ne retrouvez pas le mariage des parents de votre ancêtre Pierre Desjardins, vous saurez qu’il n’est pas impossible que le père de Pierre Desjardins ait porté le nom Roy à son mariage, vous permettant ainsi de retracer l’acte en question.

Les « noms dit » dans le contexte de la recherche généalogique

Les « noms dit » peuvent tout autant vous aider que vous nuire dans vos recherches généalogiques, d’où l’importance d’être familier avec le concept.

D’un côté, les « noms dit » représentent, dans un acte, une source d’information supplémentaire permettant d’identifier un individu. C’est à dire qu’un individu portant un « nom dit » sera plus facile à identifier au fil des actes, puisque celui-ci portera une combinaison de noms qui devrait le distinguer des autres individu portant des noms plus communs.

Par exemple, si vous recherchez un ancêtre du nom de Pierre Tremblay, vous pourriez avoir de la difficulté à le distinguer des dizaines d’autres Pierre Tremblay qui lui sont contemporains. Par contre, si votre ancêtre se nomme Pierre Tremblay dit Boucher, il sera beaucoup plus aisé de l’identifier dans les actes, puisqu’il s’agit d’une combinaison de noms moins fréquente.

Cependant, les « noms dit’ peuvent aussi représenter un obstacle dans votre recherche d’ancêtres canadiens français, particulièrement si vous n’êtes pas familiers avec ceux-ci.

Utilisons à nouveau Roy dit Desjardins comme exemple d’un « nom dit » commun. Si vous descendez de la lignée Roy dit Desjardins, vos ancêtres pourraient avoir porté le nom Desjardins, Roy, ainsi que Roy dit Desjardins au fil des générations et des actes.

Si vous n’êtes pas familier avec les « noms dit » et que vous recherchez les différents actes portant sur votre ancêtre Pierre Roy, vos recherches pourraient omettre plusieurs actes ou celui-ci est plutôt identifié comme Pierre Desjardins. C’est pourquoi il est important de rechercher individuellement les 2 noms de famille lorsque votre ancêtre porte un « nom dit ».

Sur les engins de recherche du PRDH-IGD (s’abonner au PRDH-IGD) et du LAFRANCE de Généalogique Québec (s’abonner à Généalogie Québec), vous avez la possibilité d’entrer deux noms dans la barre de recherche, et de sélectionner l’option “OU” plutôt que “ET”.

Engin de recherche du LAFRANCE de GenealogieQuebec.com
Engin de recherche de PRDH-IGD.com

L’engin de recherche trouvera alors tous les individus portant l’un ou/et l’autre des noms sélectionnés, ce qui vous assure de ne manquer aucun acte portant sur votre ancêtre.

Associations noms-surnoms dans le LAFRANCE et sur PRDH-IGD.com

Vous vous demandez  quelles étaient les combinaisons de noms de famille et surnoms “dit” les plus communes à l’époque de vos ancêtres?

Vous pouvez le découvrir grâce à cet outil gratuit mis à votre disposition par Généalogie Québec:

Associations noms-surnoms du LAFRANCE

Entrez simplement le nom qui vous intéresse pour obtenir une liste de tous les noms qui lui ont été associés dans un des 3.6 millions d’actes répertoriés par le LAFRANCE. Ceux-ci sont classés par ordre alphabétique, et la fréquence de chaque combinaison de noms dans la base de données est aussi indiquée.

 

François Desjardins

La généalogie acadienne – Retracez vos ancêtres acadiens

Dans cet article, nous vous présenterons diverses ressources vous permettant de retracer votre généalogie acadienne. 

Le terme Acadien est utilisé pour identifier les descendants des premiers colons français et européens établis en Acadie à l’époque de la Nouvelle-France. Principalement originaires du centre-ouest de la France, ils se sont établis, à partir de 1604, dans une région comprenant une partie des provinces maritimes et du Québec que l’on nomme aujourd’hui l’Acadie.

carte de l'Acadie

Comme c’est le cas pour la généalogie canadienne française, la généalogie acadienne est en grande partie basée sur les actes paroissiaux de l’Église catholique. De par leur origine française, une majorité des acadiens étaient catholiques.

C’est souvent via ces actes de baptême, mariage et sépulture que nous sommes en mesure de retracer aujourd’hui l’histoire familiale des acadiens.

Malheureusement, la généalogie acadienne n’est pas aussi bien documentée que celle des régions environnantes, ce qui peut être attribué à la disparition de quantité de registres et documents lors du Grand Dérangement. Il existe tout de même plusieurs bases de données et outils pouvant être utilisés afin de retracer ses ancêtres acadiens.

La généalogie Acadienne sur Généalogie Québec

GénéalogieQuebec.com, le site de recherche généalogique de l’Institut Drouin, contient deux outils de recherche dédiés à la généalogie acadienne.

Les registres du Fonds Drouin

Les Registres du Fonds Drouin (aussi appelés La Collection Drouin) sont une collection de registres paroissiaux (baptêmes, mariages et sépultures) provenant du Québec, de l’Acadie ainsi que d’une partie de l’Ontario, du nouveau Brunswick et des États-Unis. Nous nous intéressons ici aux registres acadiens.

registre paroissial acadien
Exemple d’un registre paroissial acadien provenant de la collection Drouin

 

Voici la liste des registres Acadiens disponibles dans la Collection Drouin:

Acadie (St-Bernard)Acadie (St-Pierre)Acadieville
Ardouane voir CocagneArgyle (Ste-Anne)Arichat
Baie-des-Winds voir CocagneBaie-du-VinBaie-Ste-Marie (Nouvelle-Écosse)
Baie-Verte voir CocagneBalmoralBarachois
Barnaby-RiverBartibogueBathurst
BeaubassinBelleduneBlackville
BouctoucheBoujagane voir CocagneBurnt
Cam’s RiverCap-PeléCaraquet
Central KingsclearCharloChatham
Chigibouachis voir CocagneChigibougouet voir CocagneChimougouis voir Cocagne
ClairCocagneDalhousie
DorchesterDrummondEcouipahaq
EdmunstonEel-GroundEscuminac
FairvilleFort St-JeanFrédéricton
GagetownGédaic voir CocagneGloucester, comté
Golding-GroveGrande-DigueGrand-Sault
Haute-AboujaganeHillsboroughÎle-du-Prince-Édouard
Île-RoyaleÎle-St-JeanJohnville
Kent, comté deKouchibouguacLac Baker
LamèqueLoch-LomondLouisbourg
Lower-CaraquetMadawaskaMaliseet
MemramcookMilltownMoncton
Mont-CarmelNash CreekNéguac (Northumberland)
NelsonNewcastleNorthumberland, Comté de
NortonNotre-Dame-de-KentPaquetville
PetersvillePetit-RocherPlaisance
Pokemouche-en-BasPokemouche-en-HautPort-Royal
Red-BankRemous-BridgeRestigouche, comté de
RextonRichibouctouRichmond
RiversideRivière-JacquetRobertville
RogersvilleSackvilleScoudouc
ShédiacShemogueShippagan
St-AndréSt-AndrewSt-Anselme
St-BasileSt-Charles-BorroméeSt-Charles-les-Mines
Ste-AnneSte-Anne-de-KentSte-Anne-de-Restigouche
St-François-XavierSt-GeorgesSt-Ignace-de-Kent
St-IsidoreSt-JacquesSt-Jean
St-LéonardSt-Louis-des-FrançaisSt-Paul-de-Kent
St-StephenSunburySussex
TracadieVictoriaWellington
WestmorlandWoodstock 

Les années couvertes diffèrent selon le registre. La collection contient aussi des recensements de l’Acadie allant de 1673 à 1784.

recensement de l'Acadie utilisé pour la généalogie acadienne

L’outil Acadie – Familles reconstitutées

Cet outil contient des fiches de familles basées sur les actes paroissiaux de l’Acadie mentionnés plus haut. Au total, l’outil répertorie 158 832 fiches de famille allant de 1621 à au 20e siècle.

De plus, les actes originaux sont attachés aux fiches de famille, ce qui permet de consulter et de vérifier l’information contenue dans celles-ci.

Vous trouverez plus d’information sur cet outil à cette adresse.

Un abonnement à Genealogie Quebec est nécessaire afin de consulter ces 2 collections. Vous pouvez vous abonner ici:

Accès de 24h – 7$
Abonnement d’un mois – 14,95$
Abonnement d’un an – 129$

Pour plus d’information sur GenealogieQuebec.com, vous pouvez consulter cet article.

Généalogie de l’Acadie – Ressources gratuites

Le site Genealogie-Acadienne.net contient une base de données de plus de 750 000 individus et 300 000 familles acadiennes pouvant être recherchée gratuitement. En plus des dates et lieux de naissance, mariage et décès, le site contient de nombreuses photos des individus et des actes mentionnés dans ses fiches. Il s’agit d’une excellente ressource pour la recherche d’ancêtres et de cousins acadiens.

Le site Acadian-Cajun.com (anglais seulement) répertorie quant à lui de nombreuses sources d’information en lien avec la généalogie acadienne. On y trouve aussi des recensements provenant de l’Acadie pouvant être consultés directement sur le site. De plus, le site répertorie les différentes associations familiales et sites internet dédiés aux familles acadiennes, le tout classé par nom de famille.

Ce que vos ancêtres peuvent vous dire sur votre espérance de vie

Dans nos deux dernières chroniques «Mortalité du Québec sous le Régime Français» et «Les premiers centenaires canadiens-français au Québec», nous avons successivement évoqué la forte mortalité qui affligeait nos ancêtres à tous les âges de la vie et la rareté des personnes atteignant des âges extrêmes. Nous allons aujourd’hui présenter quelques facteurs sous-jacents à ces réalités.

Dans un premier temps, nous avons utilisé la base de données du PRDH (Qu’est-ce que le PRDH?) afin d’établir la liste des Canadiens-français nés au pays qui se sont mariés et qui ont atteint l’âge vénérable de 97 ans avant 1850.

Décès à 97 ans et plus de Canadiens de naissance survenus avant 1850

SEXEAnnée de naissanceAnnée de décèsÂge au décès
F1648174899 ans
F1691178997 ans
F1701180098 ans
F1703180097 ans
M1703180298 ans
F1709180697 ans
M1714181197 ans
F1714181399 ans
F1722181997 ans
F17251832107 ans
F1726182598 ans
F1731182897 ans
F17311835103 ans
F1732182997 ans
M1734183499 ans
F1736183498 ans
F17361838101 ans
F17381847108 ans
F1740183897 ans
F1740183998 ans
F1741184098 ans
M1741184098 ans
F17411841100 ans
F1741184199 ans
F1742184098 ans
M1743184298 ans
M1743184298 ans
M1744184197 ans
F1744184297 ans
F1744184399 ans
M1745184498 ans
Nombre d’hommes : 8 ; Nombre de femmes : 23

Trente-et-une personnes ont accompli l’exploit, soit vingt-trois femmes et huit hommes. Pourquoi un tel déséquilibre en faveur des femmes, alors que leur espérance de vie à 25 ans est inférieure de plus de 2,5 années à celle des hommes?

C’est qu’au-delà de la période reproductive, ou les mères subissaient à l’époque un risque non-négligeable de décéder en couches, les femmes ont un avantage de survie sur leurs partenaires. On sait qu’une part de cet avantage est biologique parce que la mortalité masculine est plus élevée que la mortalité féminine dès les tout débuts de la vie, incluant in-utero.  On associe surtout cette différence génétique à une meilleure résistance des femmes au vieillissement biologique, à laquelle s’ajouterait un avantage hormonal .

En effet, par exemple, l’oestrogène facilite l’élimination du mauvais cholestérol et réduit ainsi le risque de problèmes cardiaques; la testostérone, au contraire, est associée à la violence et à la prise de risque.

Ceci dit, indépendamment du sexe, pourquoi certains individus atteignent-ils à contexte égal des âges plus élevés que leurs contemporains? La raison répugne à n’y voir que l’effet du hasard, mais pourtant aucune explication de cette réalité ne fait l’unanimité. L’étude des cas extrêmes de longévité ne révèle pas vraiment grand-chose : les «petits verres de gin avant le souper» et autres recettes du genre reprises par les journalistes n’ont aucune base sérieuse.

Il est pourtant tentant de croire que certains individus ont au départ un avantage sur les autres; ne dit-on pas que la meilleure chance de vivre vieux est d’avoir des parents et grands-parents qui ont vécu vieux?

À ce sujet, je soumets à votre réflexion l’extraordinaire famille de Nicolas Lizotte et Marie-Madeliene Miville-Deschênes, qui se sont épousés le 3 mai 1724 à La Pocatière. Alors que seulement cinq personnes sont devenues centenaires avant 1850, toutes des femmes, deux d’entre elles sont nées de ce couple, et une de leurs sœurs fait aussi partie de notre liste de départ, puisqu’elle est décédée à 98 ans!

Fiche de famille de Nicolas Lizotte et Marie Madeleine Miville Deschesnes tirée de PRDH-IGD.com

En voulez-vous plus? Leur père, Nicolas Lizotte, est décédé à 98 ans : un seul homme a fait mieux, atteignant 99 ans. Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, j’aimerais bien m’appeler Lizotte!

 

Bertrand Desjardins et François Desjardins

Août 2018

Jusqu’où peut-on rechercher ses ancêtres au Québec?

Grâce à l’enregistrement systématique des baptêmes, mariages et sépultures par l’église catholique, nous avons la chance au Québec d’avoir accès à un portrait détaillé de la vie de nos ancêtres, et ce à partir du tout début de leur établissement dans la province. Ce sont grâce à ces documents que les généalogistes amateurs et professionnels sont en mesure de rechercher leurs ancêtres en sol québécois. Mais jusqu’où ces documents nous permettent ils de remonter?

En 1608, Samuel de Champlain fonde la ville de Québec sur les rives du fleuve St-Laurent. Il faudra cependant attendre à 1616 pour voir l’ouverture des premiers registres paroissiaux dans la province.

Mariage de Guillaume Couillard et Guillemette Hebert, avec nul autre que Samuel de Champlain comme témoin. Source: LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

De nos jours, les registres québécois les plus anciens toujours disponibles sont ceux de la ville de Québec pour l’année 1621.

Début du registre de la ville de Québec pour l’année 1621, tiré des Registres du Fonds Drouin disponibles sur GenealogieQuebec.com. Le registre original ayant brulé en 1640, celui-ci dut être reconstitué de mémoire peu après sa destruction.

Ces registres, ainsi que ceux de toutes les paroisses du Québec de 1621 à 1940, peuvent être consultés dans les Registres du Fonds Drouin avec un abonnement à GenealogieQuebec.com.

Premiers arrivants

Dans un article précédent, nous nous sommes penché sur l’influence des premiers immigrants sur les noms de famille au Québec. L’expression premier immigrant, ou premier arrivant, est utilisée pour définir le premier membre d’une famille s’étant installé dans une région. Lorsque vous tentez de retracer vos ancêtres, votre objectif est donc d’établir un lien générationnel direct entre vous et ce fameux premier arrivant, ce que vous pouvez faire aisément sur Généalogie Québec à l’aide de ce guide détaillé.

Du côté des femmes, plusieurs de ces premières arrivantes font parti des fameuses “Filles du Roi”,  des femmes célibataires recrutées par le Roi entre 1663 et 1673 afin de peupler la Nouvelle-France. Vous trouverez plus d’information sur celles-ci dans un autre de nos articles.

Fichier origine

Pour remonter au delà des actes paroissiaux du Québec, il faut se fier au Fichier Origine. Celui-ci est un “répertoire gratuit des actes de l’état civil et des actes notariés trouvés dans le cadre du projet franco-québécois de recherche sur les origines familiales des émigrants français et étrangers établis au Québec des origines à 1865” (Source).

Fiche d’Antoine Roy dit Desjardins tirée du Fichier Origine

Il comprend les noms de tous les individus dont l’acte de naissance ou de baptême a été retracé dans leur pays d’origine. Via le Fichier Origine, vous pouvez donc retrouver de l’information datant d’avant l’arrivée de vos ancêtres dans la province.

Par ailleurs, l’information contenue dans le Fichier Origine est souvent intégrée aux fiches d’individus du PRDH-IGD. Voici par exemple la fiche d’Antoine Roy dit Desjardins, où la date et le lieu de son baptême ont été tirés du Fichier Origine.

Fiche d’individu d’Antoine Roy dit Desjardins tirée du PRDH-IGD

Pour conclure, il faut savoir que nous sommes extrêmement privilégiés au Québec de pouvoir rechercher ses ancêtres jusqu’au 17e siècle de manière aussi systématique. Si vos recherches généalogiques vous amènent dans d’autres pays, il ne fait aucun doute que votre appréciation des documents et registres historiques québécois n’en sera qu’amplifiée!

Bonnes recherches!

Les Filles du Roi et la base de données du PRDH-IGD

Le 22 septembre 1663 arrivent les premières des quelques 1000 filles du Roi s’établissant au Québec entre 1663 et 1673.

Leur arrivée était de mise puisqu’on dénombrait dans la colonie, en 1666, 719 célibataires masculins âgés de 16 à 40 ans pour seulement 45 filles célibataires des mêmes âges. Cette disproportion était due entre autre au fait que la Nouvelle-France était, à ses débuts surtout, une colonie d’exploitation du commerce des fourrures; la majorité des habitants étaient donc des hommes.

Mais qu’est ce qu’une Fille du Roi, concrètement?

L’expression Fille du Roi était réservée aux femmes célibataires recrutées pour émigrer en Nouvelle-France dans l’optique de favoriser le rétablissement démographique et le développement de celle-ci. Ces femmes étaient prises en charge par le Roi, qui s’occupait entre autres des frais d’émigration et d’établissement en plus de leur fournir une dot en vue de leur éventuel mariage en terre nouvelle.

Souvent orphelines ou d’origines modestes, et étant fréquemment issues de milieux urbains, ces femmes étaient pour la plupart inadaptées aux rudes conditions de vie présentes en Nouvelle-France. 

Liste des filles du Roi

Le Programme de recherche en démographie historique a identifié et répertorié toutes les Filles du Roi s’étant mariées au Québec. La liste complète peut être consultée à cette adresse.

Utiliser le PRDH-IGD pour en apprendre plus sur les Filles du Roi

La base de donnée du PRDH, accessible au public par abonnement, contient tous les individus catholiques ayant vécu au Québec entre 1621 et 1849. De ce fait, toutes les filles du Roi y sont répertoriées. Grâce à la présentation et l’organisation des données du PRDH, il est possible d’explorer en détail la vie de ces femmes.

Vous trouverez une explication plus détaillée de la structure de la base de donnée du PRDH dans un autre article, mais pour résumer, il faut savoir qu’elle contient 3 types de fiche:

Fiche d’acte – C’est une retranscription des informations pertinentes contenues dans un acte de baptême, mariage ou sépulture.

Fiche d’individu – C’est une fiche centralisant toute l’information disponible sur l’individu en question

Fiche de famille – C’est une fiche centralisant toute l’information et tous les individus appartenant à une unité familiale (parents et enfants)

Vous pouvez utiliser cette structure afin d’en apprendre plus sur une ou plusieurs de ces pionnières, et surtout découvrir si vous en comptez parmi vos ancêtres!

Comptez vous une Fille du Roi parmi vos ancêtres?

Le PRDH peut être utilisé afin de confirmer – ou non – la présence d’une Fille du Roi dans son ascendance.

Étant donné que les données du PRDH s’arrêtent en 1849, il est nécessaire de retracer un de vos ancêtres jusqu’à cette date.

Pour se faire, vous pouvez notamment utiliser les outils et bases de données de GenealogieQuebec.com destinés à cet effet.

Afin d’illustrer le processus permettant de remonter à une Fille du Roi dans sa lignée, nous utiliserons comme point de départ Joseph Valade, marié à Marie Lafond Lagrenade à Montréal le 20 novembre 1820.

Nous débutons avec une simple recherche de cet individu dans la base de données du PRDH.

Cette recherche nous permet de trouver l’acte de mariage de Joseph et Marie.

À partir de cet acte, nous sommes en mesure d’accéder à la fiche de famille du couple.

Il s’agit maintenant de remonter la lignée jusqu’aux années 1660, en espérant y découvrir une Fille du Roi! Pour se faire, nous cliquons sur la mention “Famille” se trouvant sous le nom des parents de l’époux dans toutes les fiches de Famille.

Nous arrivons finalement à une fiche de famille ou le mariage a été célébré autour des années 1660. Grâce à la liste compilée par le PRDH, nous pouvons vérifier que l’épouse est belle et bien une Fille du roi.

Sa fiche d’individu nous le confirme aussi, l’identifiant comme une immigrante originaire de La Rochelle, un des lieux de provenance les plus communs pour les Filles du Roi.

Et vous, comptez vous une Fille du roi parmi vos ancêtres?

Les premiers centenaires canadiens-français au Québec

Il n’y a pas de doute que la longévité exceptionnelle fascine. Les médias rendent régulièrement compte de personnes extrêmement âgées, ici ou ailleurs, et leurs propos intéressent toujours leur auditoire. Ces personnes font la fierté de leurs concitoyens et les politiciens n’hésitent pas à en faire des gloires nationales.

Les Canadiens-français ne font pas exception : le cas de Pierre Joubert, né en 1701 et que l’on croyait erronément être décédé à 113 ans – âge avalisé par le livre Guinness des records – fut cité par Joseph-Charles Taché, haut-fonctionnaire chargé du recensement du Canada de 1871 à l’appui de la prétention que les Canadiens français formaient « une population qui, plus qu’aucune autre, peut-être, offre de fréquents exemples de longue vie ».

Acte de baptême de Pierre Joubert tiré du LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Le problème est que le domaine est tellement affligé de mythes et exagérations que la plupart des cas de survie exceptionnelle signalés dans le passé sont faux! C’est que les âges déclarés au décès des personnes très âgées étaient notoirement imprécis et, surtout, portés à être exagérés. Les gens étaient en majorité illettrés, la documentation relative à la naissance de la personne faisait défaut et, de toute façon, l’exactitude en la matière n’était pas considérée importante.

Heureusement, l’extraordinaire information colligée pour les Canadiens français du Québec par le Programme de recherche en démographie historique (PRDH) et mise à la disposition du public sur le site PRDH-IGD.com permet de pallier le problème. En effet, en reliant la date de naissance et la date de décès des individus, respectivement obtenues des actes de baptême et de sépulture, l’âge exact est obtenu directement.

La fiche d’individu nous permet de déterminer l’âge au décès d’un individu via ses dates de naissance et de décès. Source: PRDH-IGD.com

Ainsi, il nous est possible de présenter ici un phénomène que nulle autre population peut espérer connaître, soit l’apparition des premiers centenaires, reliée au passage de la forte mortalité du passé à celle d’aujourd’hui, où les nouvelles générations peuvent raisonnablement prétendre à atteindre 100 ans.

Le tableau suivant identifie les dix personnes nées au Québec dont on peut affirmer avec certitude qu’elles ont atteint 99 ans ou plus avant 1850:

On constate que les cinq premiers centenaires québécois furent des femmes. Si une des toutes premières habitantes du pays, Marie-Élisabeth Dechavigny, atteignit 99 ans en 1748, il fallut attendre plus de trois-quarts de siècle, soit 1825, pour qu’une personne atteigne 100 ans; elle le fit avec panache puisqu’elle ne mourut qu’en 1832, à 107 ans!

Acte de sépulture de Marie Louise Plante. Remarquez l’inexactitude de l’âge donné dans l’acte; 117 ans! LAFRANCE, GenealogieQuebec.com

Un homme, François Parent, est mort à 99 ans en 1834; mais aucun décès masculin à 100 ans n’a pu être prouvé avant 1850 (les données du PRDH étant limitées à 1621-1849) et le premier Canadien français du Québec à devenir centenaire reste donc à être identifié. D’ailleurs, nous accueillerions avec plaisir toute information qui mènerait à son identification!

 

Bertrand et François Desjardins

Avril 2018

Les noms de famille au Québec: l’influence des premiers immigrants

Dans un article précédent, nous avons appris que la population Canadienne-Française de souche est issue d’un surprenamment petit nombre d’immigrants.

Ce faible nombre d’immigrants à encore aujourd’hui un impact direct sur les noms de famille au Québec et leur fréquence.

Par exemple, voyons la liste des immigrants qui comptent le plus grand nombre des descendants mariés avant 1800 (cette liste est tirée de la base de données du PRDH):

Nom de l’ancêtreNombre de descendants

mariés avant 1800

Zacharie Cloutier10 850
Jean Guyon9 674
Marin Boucher8 502
Jacques Archambault8 445
Noël Langlois7 847
Abraham Martin7 765
Pierre Miville6 552
Pierre Desportes6 515
Jean Roussin4 730
Louis Hébert4 592

Cette liste ne contient pas certains noms fort répandus aujourd’hui, mais inclut certains autres qui sont peu fréquents. C’est que plusieurs ancêtres se sont reproduits abondamment, mais par leurs filles, qui ne transmettent pas leur nom de famille. Nous avons donc effectué une deuxième compilation, en ne retenant cette fois que les descendants « patronymiques » de l’ancêtre, c’est-à-dire les descendants par les mâles:

Nom de l’ancêtreNombre de descendants

« patronymiques »

mariés avant 1800

Jean Côté567
Pierre Tremblay564
Marin Boucher482
Jean Dumais481
Louis Houde471
Jean Guyon449
Jacques Archambault423
Pierre Parent418
Zacharie Cloutier391
Guillaume Pelletier389

Comparons maintenant cette fréquence avec celle des noms de famille les plus communs au Québec en 2006:

Rang

Fréquence

Nom de famillePourcentage
1Tremblay1,076
2Gagnon0,790
3Roy0,753
4Côté0,692
5Bouchard0,530
6Gauthier0,522
7Morin0,498
8Lavoie0,459
9Fortin0,449
10Gagné0,448
11Ouellet0,447
12Pelletier0,435
13Bélanger0,429
14Lévesque0,412
15Bergeron0,399
16Leblanc0,367
17Paquette0,361
18Girard0,356
19Simard0,354
20Boucher0,341
21Caron0,321
22Beaulieu0,300
23Cloutier0,297
24Dubé0,296
25Poirier0,295

(Source: http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/population-demographie/caracteristiques/noms_famille_1000.htm)

On trouve la moitié des noms de notre liste précédente dans le top 25 des noms les plus communs au Québec aujourd’hui. L’impact de ces quelques individus est donc indéniable, même de nos jours!

Et votre ancêtre?

La sélection des immigrants qui ont eu au moins un fils marié délimite l’ensemble de ceux qui ont transmis les noms que portent la très grande majorité des Canadiens-Français aujourd’hui.

Inscrivez un patronyme et vous obtiendrez la liste correspondante de ces immigrants; l’ancêtre des individus qui portent aujourd’hui ce nom en Amérique devrait y apparaître, en autant qu’il se soit établi au Québec avant 1766.

Comment savoir de quel pionnier vous descendez?

Il arrive souvent qu’un nom de famille puisse être lié à plus d’un immigrant; on parle alors de différentes souches du nom. Par exemple, deux Desjardins vivant aujourd’hui au Québec n’auront pas nécessairement d’ancêtres communs en terre québécoise, l’un étant descendant d’Antoine Roy dit Desjardins, arrivé au Québec dans les années 1660, et l’autre étant descendant de Pierre Desjardins, qui n’arrive au Québec qu’au 18e siècle.

La seule façon de déterminer de quel immigrant vous descendez est de faire votre généalogie ascendante, en partant de vos parents et en remontant jusqu’à ce fameux premier immigrant.

Des sites de recherche généalogique tels que Généalogie Québec et le PRDH sont alors indispensables.

L’immigration de l’Ancienne à la Nouvelle-France

La France n’est pas reconnue pour avoir fourni, sous l’Ancien Régime, un grand nombre d’émigrants à ses colonies d’outre-Atlantique.

Ainsi, à peine 15 000 Français et Françaises ont fait voile en direction du Canada au 17e siècle, et les deux tiers d’entre eux n’ont fait qu’un séjour temporaire dans la colonie avant de retourner définitivement en France ou de mourir au Canada à l’état de célibataire. C’est très peu: avec une population dépassant à peine le tiers de celle de la France, les îles britanniques auraient envoyé au Nouveau Monde près de 380 000 immigrants durant la même période.

Pourtant, la France présentait à cette époque divers symptômes de maladie sociale qui auraient justifié un plus grand nombre de réfugiés au Canada, où l’abondance des ressources contrastait avec la famine et le chômage de ses couches les plus pauvres. Sans être vraiment surpeuplée, la France manifestait des conditions favorables à l’émigration qui, eussent-elles coïncidé avec une réelle attraction du Canada, auraient pu favoriser le départ de forts contingents de colons vers le Nouveau Monde.

Mais les Français migraient peu et le Canada, pays lointain, sauvage et dangereux, avait auprès d’eux une bien mauvaise réputation. Par surcroît, les autorités croyaient que la population française ne se développait pas autant qu’elle aurait pu et même qu’elle diminuait, suite aux guerres, à la peste et à la misère.

À l’intendant Talon qui lui demandait de prendre les moyens pour former au Canada « un grand & puissant Estat », ce qui impliquait l’envoi massif d’immigrants, Colbert répondit, dans une phrase qui allait marquer l’avenir du pays: « Il ne serait pas de la prudence [du Roy] de dépeupler son Royaume comme il faudroit faire pour peupler le Canada… ».

Pourtant, même en décuplant les départs, les effets de l’émigration sur le pays le plus peuplé d’Europe seraient demeurés imperceptibles et le destin de l’Amérique du Nord en aurait probablement été changé. Malgré tout, en réaction à la faible croissance de la population, un effort a été consenti par le Roi de 1663 à 1673 pour faire venir des femmes au Canada. Il s’agit des «Filles du roi», plus de 700 femmes qui se retrouvent immanquablement dans les ascendances de tous les Canadiens-français de souche.

Quoiqu’il en soit, il résulte de ce faible peuplement fondateur que la souche canadienne-française est issue d’un relativement petit nombre de personnes, soit moins de 10 000 immigrants. Si on s’en tient aux immigrants masculins, desquels on aura reçu le nom de famille transmis au fil des générations, ce nombre est réduit à 4 500 environ, soit l’effectif des immigrants qui ont eu au moins un fils qui se soit marié.

Ces chiffres sont tirés de la base de données du PRDH, qui contient tous les individus catholiques ayant vécu au Québec entre 1621 et 1849. Vous trouverez plus d’information sur le PRDH dans cet article.

Dans notre prochain article, nous examinerons l’influence que ce petit nombre d’immigrants a encore aujourd’hui sur la diversité des noms canadiens français au Québec.